Baldassarre Peruzzi est un peintre et architecte italien de la Renaissance, né à Sienne le 7 mars 1481 et mort à Rome le 6 janvier 1536.
Carrière artistique
En tant que peintre, il se forme à Sienne dans le style de Pinturicchio.
Lorsqu’il s’installe à Rome, son style mûrit au contact de l’œuvre de Giovanni Antonio Bazzi, du Sodoma et, surtout, de Raphaël Sanzio.
Dans ses scènes figuratives, on note une tendance aux formes de Raphaël, ce qui n’exclut pas un détail typique de l’école siennoise, comme en témoignent les fresques de la chapelle Ponzetti de l’église Santa Maria della Pace à Rome. Cette tendance évoluera vers des compositions de plus en plus artificielles à tonalité maniériste, comme dans La Présentation de la Vierge de la même église, peinte en 1520. Le même penchant pour le brillant et le décoratif se retrouve dans deux compositions du musée du Prado, dans lesquelles l’artiste semble s’inspirer davantage du Pérugin, le maître de Raphaël, que de ce dernier : La Continence de Scipion et Le Viol des Sabines.
Une évolution similaire caractérise ses œuvres architecturales. Sa première grande œuvre est la Villa Farnesina, commencée en 1509. Il travaille également à la construction de la nouvelle basilique Saint-Pierre après la mort de Raphaël et devient directeur des travaux en 1532. Au cours de cette même année, il réalise un grand nombre de projets architecturaux, d’études de monuments anciens et de projets qui auront une influence notable sur les traités de Sebastiano Serlio, et qui constituent une recherche agitée et expérimentale. Le point culminant de cette recherche fut la réalisation du Palazzo Massimo alle Colonne, l’une de ses œuvres les plus réussies.
Après le sac de Rome en 1527, il retourne à Sienne, où il laisse des œuvres architecturales et picturales telles que la construction et la décoration de la Villa Belcaro. Il retourne à Rome entre 1530 et 1531, puis entre 1535 et 1536, où il laisse les meilleurs exemples de son œuvre.
Son œuvre est un exemple paradigmatique des préoccupations d’un moment historique où l’étude du classicisme a été poussée à l’extrême, tandis qu’en même temps les limites et les possibilités de la liberté ont été explorées dans une recherche formelle révolutionnaire et stimulante, bien que discontinue et irrésolue.
Ouvrages en vedette
Dans son projet pour la basilique Saint-Pierre, Peruzzi reprend l’option centralisée proposée par Bramante : un plan en croix grecque surmonté d’absides semi-circulaires et inscrit dans un carré. La coupole reste l’élément nucléaire et centralisateur. Son projet augmente le volume de la coupole et tente de rapprocher les nefs de celle-ci, afin de résoudre les problèmes techniques posés par la construction. En même temps, il introduit un élément clairement anti-classique : le couronnement de l’une des absides par un portique qui remplace la façade. Ses contributions, comme celles d’autres maîtres, ne se sont pas concrétisées dans l’édifice final, qui a finalement été commandé à Michel-Ange.
L’un de ses chefs-d’œuvre est la villa construite pour le banquier Agostino Chigi (connue aujourd’hui sous le nom de Farnesina parce qu’elle est devenue par la suite la propriété de la famille Farnèse). Peruzzi y fournit un modèle de villa suburbaine qui inspira peu après Antonio da Sangallo le Jeune pour son Palazzo Farnese. Le bâtiment est fermé à l’extérieur et ouvert à l’arrière, avec un plan en forme de U. Les ailes latérales sont prolongées vers le jardin. Les ailes latérales se prolongent vers le jardin, permettant à l’architecture et à la nature de fusionner et d’acquérir un traitement unitaire. La transition entre l’espace bâti et l’espace naturel est assurée par une cour, précurseur des grandes places d’armes du XVIIe siècle. À l’extérieur, la plupart des éléments sont classiques, utilisés selon une syntaxe non classique. La façade s’organise en deux étages, surmontés et séparés par une corniche : à chaque étage se trouve un ordre monumental de pilastres toscans, avec des ouvertures doubles dans leur entrecolonnement, une grande fenêtre avec une corniche et une petite ouverture d’aération au-dessus. Sa réaction à l’orthodoxie des ordres est visible à l’étage supérieur, où se trouve une frise décorée de guirlandes, antinormative de l’ordre toscan utilisé dans les colonnes : triglyphes et métopes y correspondraient. Sur la façade de la cour se trouve une grande loggia d’arcades en forme de galerie ouverte, flanquée des ailes du bâtiment qui donnent sur le jardin.
Dans le Palazzo Massimo romain, connu sous le nom de Palazzo alle Colonne en raison des colonnes frappantes de la façade, il a proposé une façade révolutionnaire, construite en suivant la courbure de la rue où elle se trouvait. La façade a été adaptée à cette forme convexe. Cette solution sera largement utilisée à l’époque baroque. La façade est organisée en deux zones distinctes : deux étages séparés par une large corniche qui se confond avec le balcon. À l’étage supérieur, il y a trois ordres d’ouvertures, qui rappellent les petites fenêtres déjà utilisées dans le style Farnese et qui ne suivent aucun ordre de colonnes. Toute la façade est amortie. Le rez-de-chaussée est de forme convexe et un ordre de colonnes toscanes se superpose à un amortissement calligraphique, semblable à celui de l’étage supérieur. Il est organisé par paires de pilastres entre chaque niche et, en se rapprochant du centre, ceux-ci sont remplacés par un pilastre et une demi-colonne, puis par deux paires de colonnes. Ce jeu progressif accentue le caractère convexe de la façade, où tous les éléments utilisés sont classiques, mais pas leur disposition. Cette controverse se retrouve dans l’ensemble du bâtiment.
Le portique de cette façade, bien que de petites proportions, produit une sensation de profondeur, grâce à la disposition de ses éléments, qui se combinent pour produire une sensation illusoire de spatialité. Le plafond à caissons suit la même courbe que la façade et les niches sont décorées de nervures évasées, ce qui crée une impression d’espace. La cour du palais présente une succession d’ordres anti-classiques : l’ordre toscan à l’étage inférieur et l’ordre ionique à l’étage supérieur. Au sommet de ces étages se trouve un grand grenier avec des ouvertures de ventilation, ce qui donne au bâtiment un caractère plus longitudinal.
Dans cette œuvre, les éléments classiques sont disposés de manière totalement anti-classique, avec un critère d’utilisation fictif et irréel, produisant la sensation d’un espace différent de celui qui découle de ses mesures réelles. Ce type de ressources sera largement utilisé à l’époque baroque, faisant de Peruzzi l’un des premiers représentants de l’architecture maniériste.