La bataille de Guaxenduba (1614) est un engagement militaire entre les forces portugaises et françaises près du site de l’actuelle ville d’Icatu, dans l’État du Maranhão. Cette bataille a été décisive pour l’expulsion des Français de la région et pour le maintien de la domination lusitanienne sur l’Amazonie.
Contexte
En 1555, les Français ont tenté d’établir une colonie à Rio de Janeiro, France Antarctica (portugais : França Antártica), qui a été abandonnée cinq ans plus tard. Le 8 septembre 1612, avec le soutien des indigènes, les Français fondent à nouveau une colonie au Brésil, appelée São Luís, et commencent à construire un fort (São Luís do Maranhão). Leur intention est de fonder la province de France équinoxiale dans cette riche région peuplée de plus de 40 000 indigènes.
Conscient de la présence portugaise au nord de la capitainerie du Maranhão, Alexandre de Moura envoie des troupes depuis le Pernambouc. Le 24 août 1614, l’expédition portugaise atteint la rivière Munim où est construit le fort de Santa Maria (Forte de Santa Maria).
La bataille
Au matin du 19 novembre 1614, les soldats portugais s’aperçoivent qu’à proximité de la forteresse de Santa Maria, la mer est remplie de bateaux à voile et à rames qui s’approchent silencieusement de la côte. Afin d’attaquer les Français lorsqu’ils débarqueront, Jeronimo de Albuquerque se dirige vers la plage avec 80 hommes mais, constatant son infériorité numérique, il préfère battre en retraite. Bientôt, un grand nombre de Français se trouvent sur la plage. C’est alors que commencent les combats et les échanges de tirs d’arquebuse et de mousquet, qui font un mort parmi les Portugais et deux parmi les Français.
Juste devant la forteresse de Santa Maria se trouvait une petite colline où le seigneur de Fos Benart plaça quelque 400 Tupinambás qui commencèrent à construire sept lignes de tranchées pour protéger les positions françaises entre la mer et le sommet de la colline. Mais, en suivant un chemin secret, Alburquerque monta au sommet avec 75 soldats et 80 arquebusiers, pour lancer une attaque surprise contre ses ennemis. Devant le risque d’être massacrés, les Français tentent de négocier, mais les Lusitaniens se méfient car ils considèrent qu’il s’agit d’une ruse pour gagner du temps.
A ce moment, les Portugais commencent à massacrer les Indiens et les Français dans les tranchées. Daniel de La Touche, seigneur de La Ravardière, constatant depuis la mer les pertes subies par ses troupes, ordonne à ses navires les plus rapides de se rendre sur la plage pour évacuer ses troupes mais, face aux tirs de l’artillerie portugaise, il doit les repousser.
Tous les bateaux de la plage étant en feu, les Français, dont les seigneurs de la Ravardière et de Fos Benart, doivent regagner les tranchées de la colline. Les échanges de tirs reprennent et Turcou, l’interprète des Français auprès de leurs alliés indiens, est tué ainsi que le seigneur de Fos Benart, chef des Tupinambás. Les 600 Indiens restants commencent alors à fuir par la colline avec les Français qui n’ont plus de poudre à canon pour continuer le combat.
Trêve et expulsion des Français
Après la bataille, les troupes françaises survivantes se replient sur le fort Saint-Louis pour gagner du temps. Ravardière propose une trêve aux Portugais : un officier français et un officier lusitanien sont envoyés en France et un autre au Portugal pour conclure un accord de paix.
Avec la trêve, la situation reste calme. Le 17 octobre 1615, le capitaine général du Pernambouc, Alexandre de Moura, arrive à Guaxenduba avec 600 à 900 renforts et de nouvelles provisions dans 9 navires. Ayant le grade le plus élevé, il prend le commandement des troupes dans le fort. Sous son commandement, les Portugais commencent à violer l’accord et il presse Daniel de la Touche de quitter le Brésil dans les cinq mois. Trois mois plus tard, Diogo de Campos et Martim Soares arrivent d’Europe avec des troupes portugaises supplémentaires et l’ordre d’expulser définitivement les Français. Le 1er novembre, Moura ordonne d’encercler le fort de São Luís et de débarquer sur la pointe de São Francisco, où il fonde le fort de São Francisco do Maranhão (Forte de São Francisco do Maranhão). Incapable de résister, Ravardière se rend le 4 novembre et est emprisonné à la Tour de Belém pendant trois ans.
Légende du miracle de Guaxenduba
Dans le livre História da Companhia de Jesus na Extinta Província do Maranhão e Pará (Histoire de la Compagnie de Jésus dans la province éteinte du Maranhão et du Pará) de 1759, le père José de Moraes raconte l’apparition de Notre-Dame de la Victoire (Nossa Senhora da Vitória) parmi les soldats portugais, les encourageant à transformer le sable en poudre à canon et les pierres en projectiles. Notre Dame de la Victoire est considérée comme la patronne de Saint Louis et la cathédrale de la ville porte l’inscription latine : 1629 – SANCTÆ MARIÆ DE VICTORIA DICATUM – 1922.
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