Dans la mythologie romaine, Cérès (de la racine proto-indo-européenne ker, « croître, créer ») était la déesse de l’agriculture, des récoltes et de la fertilité.
Cérès était la déesse de l’agriculture, des récoltes et de la fertilité. Son équivalent dans la mythologie grecque était Déméter. Elle a donné son nom aux céréales.
Mythe
Cérès était la fille de Saturne et d’Ops, mère de leur fille Proserpine, sœur de Junon, Vesta, Neptune, Pluton et Jupiter.
Elle enseigna aux hommes l’art de cultiver la terre, de semer, de récolter le blé et de faire du pain, ce qui fit d’elle la déesse de l’agriculture. Son frère Jupiter, subjugué par sa beauté, engendra Proserpina (assimilée à Perséphone dans la mythologie grecque). Neptune tomba également amoureux d’elle et, pour y échapper, Cérès se transforma en jument, mais le dieu s’en rendit compte et se transforma à son tour en cheval, Cérès devenant ainsi la mère du cheval Arion.
Cérès était également la patronne d’Enna (Sicile). Selon la légende, elle pria Jupiter de placer la Sicile dans les cieux. Le résultat, parce que l’île est de forme triangulaire, fut la constellation Triangulum, dont l’un des anciens noms était « Sicile ».
Douze dieux mineurs l’assistaient et étaient chargés d’aspects spécifiques de l’agriculture : Vervactor, qui met la terre en jachère ; Reparator, qui la prépare ; Imporcitor (du latin imporcare, « faire des sillons »), qui la laboure en larges sillons ; Insitor, qui sème ; Obarator, qui laboure la surface ; Occator, qui scarifie ; Sarritor, qui désherbe ; Subruncinator, qui défriche ; Messor, qui récolte ; Conuector, qui transporte la récolte ; Conditor, qui l’entrepose ; et Promitor, qui la distribue.
Le culte
Les habitants de la Sicile, voisins du volcan Etna, commémoraient chaque année le départ de Cérès pour ses longs voyages en courant la nuit avec des torches allumées et en poussant de grands cris.
En Grèce, il existait de nombreuses Demetrias, fêtes de Déméter, la déesse équivalente à Cérès. Les plus curieuses étaient sans doute celles où les fidèles de la déesse se fouettaient les uns les autres avec des fouets en écorce d’arbre. Athènes avait deux fêtes solennelles en l’honneur de Déméter : l’une appelée Eleusinia et l’autre Thesmophoria. Elles auraient été instituées par Triptolème. On y sacrifiait des porcs, en raison des dégâts qu’ils causaient aux fruits de la terre, et on y faisait des libations de vin doux.
Les Romains ont adopté Cérès en 496 avant J.-C., lors d’une famine dévastatrice, alors que les Livres sibyllins conseillaient l’adoption de son homologue grecque Déméter, ainsi que de Perséphone et Perséphone et Aeacus (médiateur entre les déesses éleusiniennes et Dionysos). Cérès était personnifiée et honorée par les femmes au cours de rituels secrets lors des fêtes d’Ambarvalia, qui se tenaient en mai et donnaient lieu à des processions au cours desquelles les femmes romaines portaient le blanc des hommes, qui n’étaient que des spectateurs. On pensait que ces fêtes, pour plaire à la déesse, ne devaient pas être célébrées par des personnes en deuil, ce qui explique qu’elles n’aient pas eu lieu l’année de la bataille de Cannas.
Un temple dédié à Cérès a été érigé sur la colline de l’Aventin à Rome. Sa principale fête était les Cerealias ou Ludi Ceriales (« jeux de Cérès »), institués au IIIe siècle avant J.-C. et célébrés chaque année du 12 au 19 avril. Le culte de Cérès était surtout associé aux classes plébéiennes, qui dominaient le commerce des céréales. On sait peu de choses sur les rituels de ce culte, l’une des rares coutumes enregistrées étant la pratique particulière consistant à attacher des braises brûlantes à la queue de renards qui étaient ensuite lâchés dans le Circus Maximus.
Outre le porc, la truie et le javelot, Cérès acceptait également le bélier en sacrifice. Lors de ses fêtes, les guirlandes utilisées étaient de myrte ou de narcisse, mais les fleurs étaient interdites, car c’est en cueillant des fleurs que Proserpina avait été enlevée par Pluton. Seul le pavot lui était consacré, non seulement parce qu’il poussait parmi les blés, mais aussi parce que Jupiter le lui faisait manger pour l’endormir et lui apporter ainsi un peu de répit dans sa douleur.
En Crète, en Sicile, à Lacédémone et dans plusieurs autres villes du Péloponnèse, se déroulaient périodiquement les mystères d’Éleusis ou mystères de Cérès, célébrés dans la ville d’Éleusis. De là, ils passèrent à Rome, où ils subsistèrent jusqu’au règne de Théodose. Ces mystères étaient divisés en grands et petits mystères. Les petits mystères étaient une préparation aux grands mystères, qui se déroulaient près d’Athènes, sur les rives de l’Ilissus. Ils conféraient une sorte de noviciat. Après un certain temps plus ou moins long, le débutant était initié aux grands mystères dans le temple d’Éleusis. Les fêtes d’Éleusis duraient neuf jours chaque année en septembre, lorsque les tribunaux étaient fermés. Les Athéniens faisaient initier leurs enfants aux mystères éleusiniens dès le berceau. Il était interdit, même aux femmes, de se rendre au temple en voiture ou en char. Les initiés étaient considérés comme étant sous la tutelle et la protection de Cérès, et devaient donc jouir d’un bonheur sans limite.
Représentations
Cérès est généralement représentée comme une belle femme à la stature majestueuse et au teint coloré, au regard langoureux et aux cheveux blonds tombant en désordre sur ses épaules.
Outre une couronne d’épis de blé, elle porte un très grand diadème. Parfois, elle est couronnée d’une guirlande d’épis de blé ou de coquelicots, symbole de fertilité. Elle a de gros seins et porte un fagot d’épis de blé dans la main droite et une torche enflammée dans la main gauche. Sa tunique lui descend jusqu’aux pieds et elle porte souvent un voile jeté en arrière. On lui donne parfois un sceptre ou une faucille : deux petits enfants, accrochés à son sein et portant chacun une corne d’abondance, désignent suffisamment la nourrice de l’humanité. Elle porte un vêtement jaune, couleur du blé mûr.
En Arcadie, les Figaliens fabriquèrent une statue en bois dont la tête était celle d’une jument avec des dragons en guise de crinière, que l’on appelait la Cérès noire. Cette statue ayant été brûlée accidentellement, les Figaliens négligèrent le culte de Cérès et furent punis par une terrible sécheresse qui ne cessa que lorsque, sur le conseil d’un oracle, la statue fut remplacée.