Chaptalia nutans est une espèce d’herbe vivace de la famille des Asteraceae, originaire des zones chaudes de l’Amérique, du Mexique au Río de la Plata, jusqu’à l’île de Martín García au sud.
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Description de la plante
Chaptalia nutans est une plante herbacée vivace à feuilles en rosette, oblanceolées-spatulées (en forme de cuillère avec l’extrémité plus large que la base), lirado-pennées, à grand lobe terminal, glabres sur la face supérieure et légèrement tomenteuses sur la face inférieure, de 5-20 cm de long et jusqu’à 6 cm de large, sinuées-dentées ; fleurs en capitules solitaires, involucre cylindro-campanulé ; fleurs nombreuses, rosées ; akènes fusiformes, d’environ 4 mm de long ; 5-6-costés. Propagation par graines.
Fleurit presque toute l’année.
Distribution et habitat
L’espèce la plus commune du genre ; distribuée en Amérique tropicale et subtropicale, du Mexique au Brésil, en Bolivie, au Paraguay, en Uruguay ; présente dans le nord et le centre de l’Argentine dans les provinces biogéographiques de Chaqueña, Yungas, Monte, Pampeana et Paranense. Il n’est pas présent au Chili.
Il est adventice en Russie, en Chine, au Japon, en Europe, en Afrique centrale et australe.
On la trouve dans les vergers, les fermes, les parcs et les pâturages ; également dans les friches, le long des routes, etc. ; elle préfère les sols plutôt humides et les endroits ombragés.
Noms communs
Connu en Argentine sous les noms de Peludilla, Pelusa, cerraja, achicoria, lengua de vaca, Agachacabeza ; au Paraguay sous le nom de Tapirá pevo ; au Brésil sous les noms de Buglosa, Costa-branca, Chamama, Erva-de-sangue, Fumo-do-mato, Lingua-de-vaca-miúda, sanguineira, tapira.
Shiraigó Lkaík (Cabeza de Luna), en langue moqoit (Argentine)
Ndavy’ái (« Je ne suis pas heureux ») en langue guarani, à Misiones, Argentine.
Relation à l’être humain
Les feuilles de Chaptalia nutans sont comestibles de la même manière que les feuilles de chicorée.
On lui attribue des propriétés pour soulager les douleurs thoraciques ; résolutives ; balsamiques ; éruptives ; asséchantes ; conjonctivites ; maux de tête ; parasites intestinaux ; anticatarrhales ; antiblenonagiques ; diurétiques ; fébrifuges ; ophtalmiques.
Dans la province de Jujuy, en Argentine, elle est utilisée pour soigner les infections et les blessures en appliquant les feuilles avec un peu d’huile. Dans la province de Corrientes, elle était utilisée comme diurétique et asséchant.
Le botaniste allemand Hieronymus Hieronymus affirme que dans les Antilles, elle était utilisée comme anticatarrhale. Le botaniste argentin Domingo Parodi lui attribue des propriétés ophtalmiques.
Sur la légende Guarani de la « Hierba cabizbaja ».
Les Guarani ont une nomenclature anthropocentrique ou zoocentrique des parties des plantes, nommant les différentes parties avec des expressions analogues aux organes ou parties du corps humain ou animal. Les fleurs (capitules) penchées vers le sol de Chaptalia nutans suggèrent aux Guarani la formule verbale yvýre oma’ẽ (« contempler le sol »), une expression qui s’applique également aux personnes qui ont une attitude « abattue ». C’est probablement ce qui a déterminé le nom guarani de l’espèce, ndavy’ái (« je ne suis pas heureux »).
Voici un extrait de la légende :
« … La plante appelée « Je ne suis pas heureux » (ou « Je suis malheureux ») a commencé par une très belle femme qui fréquentait le temple…. Le temple était également fréquenté par un vieux violoniste. Ce vieil homme n’attirait pas l’attention de la femme, mais il était amoureux d’elle… le violoniste en vint à penser qu’elle l’aimait peut-être aussi… Alors, à une certaine occasion, le vieil homme se leva et s’approcha d’elle pour lui parler, ce à quoi la femme répondit : « Même si tu joues bien du violon, je ne veux pas me marier, je te considère comme mon grand-père, c’est pourquoi je cuisine ce que tu manges et je t’appâte avec des calebasses ».
Comme le vieil homme l’aimait beaucoup, il fut indigné et réfléchit à ce qu’il allait faire : « Je vais la charmer ! se dit-il. Il fabriqua donc de nouvelles cordes pour son violon et les enduisit d’herbe de carau (Mayaca sellowiana). Un soir, lorsqu’ils entrèrent dans le temple, il joua du violon et l’enchanta, mais le lendemain matin, il annonça à la femme qu’il partait pour un autre village très éloigné. C’est alors que la femme … fut interceptée par le sortilège. Lorsqu’elle se leva, le vieil homme était déjà parti et la femme était très triste. Elle ne mangeait plus, elle était très malheureuse, elle voulait suivre les traces du vieux mais elle ne savait pas où il était parti… Quand elle ne donna plus rien, son père et sa mère comprirent pourquoi elle était malheureuse, … alors ils essayèrent de la guérir, mais il n’y avait plus rien à faire. Lorsque la jeune fille fut sur le point de mourir, Yamandú la transforma en une herbe appelée « Je ne suis pas heureuse », et elle resta ainsi nommée. Jusqu’à présent, elle fleurit généralement, et lorsque la saison de floraison arrive, le vent la fait voler (ses fruits plumeux), nous pouvons voir comment ils volent. Nous disons que ces fruits plumeux sont ses cheveux. Ainsi, cette femme est restée, elle est devenue la mauvaise herbe appelée « Je ne suis pas heureuse » (Vera Endy, 2012)… ».
Taxonomie
Linné lui a donné une épithète spécifique faisant allusion à la position typique du capitule (inflorescence), puisque l’expression nutans (du latin nutatio : oscillation, balancement) fait allusion dans ce cas aux oscillations subies par les pédoncules.
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