La coronelía ou régiment de la garde du roi, communément appelée Chamberga, était une unité militaire basée à Madrid et destinée à la défense de la maison royale espagnole. Elle fut instituée par la régente Mariana d’Autriche en 1669, pendant la minorité de son fils Charles II, et dissoute après l’accession au pouvoir de Jean-Joseph d’Autriche en 1676.
Contexte
Après la mort de Philippe IV en 1665, le trône d’Espagne passe à son fils Charles II, alors mineur. Comme il l’avait prévu dans son testament, sa mère, Mariana d’Autriche, assure la régence du royaume sur les conseils d’une junte gouvernementale nommée à cet effet. La situation économique et militaire désastreuse du royaume et surtout la grande influence à la cour de l’Autrichien Jean Everard Nithard ne sont pas du goût de Jean Joseph d’Autriche, fils bâtard de Philippe IV, qui, fort du soutien populaire, marche de son exil en Catalogne vers Madrid à la tête d’un corps de troupes, menaçant de prendre le gouvernement par la force des armes.
Sous la pression de leur présence à Torrejón, dans la banlieue de Madrid, Mariana d’Autriche expulse Nithard et approuve la création d’un conseil de secours pour résoudre les problèmes économiques, cédant ainsi aux exigences de Jean-Joseph d’Autriche, qui est nommé vice-roi d’Aragon pour l’écarter de la Cour.
Pour faire contrepoids aux forces de Jean-Joseph d’Autriche, la reine ordonne la création d’un nouveau corps d’armée qui restera à Madrid pour garantir sa sécurité et celle de son fils Charles. En revanche, le Conseil de Castille, le Conseil d’État, la ville de Madrid et même le pape Clément IX, par l’intermédiaire de son nonce Federico Borromeo, s’opposent à cette création, arguant que les troupes sont nécessaires aux frontières et non dans la ville, qu’elles n’ont jamais été stationnées à l’intérieur de la ville et qu’elles engendreraient des dépenses superflues et des problèmes d’ordre public, mais la reine ne tient pas compte de ces objections.
Formation
Le commandement de ce nouveau régiment est confié avec le grade de colonel au marquis d’Aytona Guillén Ramón de Moncada, membre de la junte gouvernementale et ennemi déclaré de Jean-Joseph d’Autriche ; après sa mort en mars 1670, il est confié à l’archevêque de Tolède Pascual de Aragón, bien que pendant son colonelat le commandement effectif soit assuré par le lieutenant-colonel Rodrigo de Mújica y Valdés, qui l’avait été depuis l’institution du corps. Plusieurs jeunes gens de la haute noblesse, comme le comte de Melgar, le comte de Fuensalida, le comte de Cartageneta, le marquis de Jarandilla, le marquis de Las Navas et le duc d’Abrantes, devinrent officiers dans le corps.
Le régiment était composé de 1500 soldats.
Il était cantonné dans le quartier de San Francisco à Madrid.
L’aspect de son uniforme, semblable à celui porté par les troupes françaises du maréchal Schomberg lors de la guerre de Catalogne, a valu à ce corps d’être populairement connu sous le nom de chamberga, et à ses soldats sous celui de chambergos, une corruption du nom de ces derniers.
Problèmes d’ordre
Comme l’avaient prévu les échevins madrilènes, la présence de ces troupes dans la ville était une source constante de troubles : mal payées, violentes, habituées au jeu et aux femmes, elles commettaient fréquemment des vols, des querelles, des cambriolages et des extorsions sur la population civile, ainsi que des affrontements avec les huissiers qui, subordonnés aux maires de Casa y Corte, n’avaient aucune autorité sur les soldats, protégés par la loi militaire ; en même temps, de nombreux criminels de droit commun rejoignaient le régiment ou se faisaient passer pour des chambergos afin de commettre leurs délits.
L’insécurité qui règne à Madrid fait que les paysans et les éleveurs qui arrivent quotidiennement chargés de provisions évitent la ville, ce qui provoque des pénuries.
Mutinerie de la Garde de Chamberlain
Au cours de l’été 1670, il y eut une véritable émeute populaire contre la Guardia Chamberga, avec de nombreux morts et blessés dans les affrontements, et qui a même suscité l’inquiétude des représentants diplomatiques des puissances européennes présentes à Madrid. Elle est historiquement comparée aux émeutes ultérieures à Madrid connues sous le nom de « de los gatos » (1699), « de la corte » (1764) et « de Esquilache » (1766), et même avec les événements du 2 mai 1808.
Dissolution
En 1674, il intervient en Catalogne, où se déroulent les combats contre les troupes françaises pendant la guerre de Hollande ; pendant son séjour, le régiment est commandé par le capitaine Miguel Francisco de Moncada, fils du marquis d’Aytona.
L’arrivée au pouvoir de Jean-Joseph d’Autriche, qui s’était opposé à la présence du régiment à Madrid dès sa formation, entraîna sa disparition.
En 1676, il fut dissous en tant qu’unité et ses troupes furent envoyées à Malaga pour être embarquées en Sicile, où la ville de Messine s’était alors rebellée contre les autorités vice-royales avec l’appui des troupes françaises.
Notes et références
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