Le fecho del Imperio est le nom donné dans les textes castillans à la tentative d’Alphonse X le Sage (1221-1284) de se faire élire en 1257 roi des Romains du Saint Empire romain germanique, en profitant de son statut de fils de Béatrice de Souabe.
Développement
À la mort du roi des Romains Guillaume de Hollande en janvier 1256, un problème de succession se pose quant à l’élection du prochain roi des Romains. La ville de Pise, et avec elle le parti gibelin, soutient Alphonse, fils de Béatrix de Souabe, et donc membre de la famille allemande des Hohenstaufen. De son côté, le roi Henri III d’Angleterre propose son frère Richard de Cornouailles comme roi des Romains.
Alphonse se heurte à de nombreuses difficultés internes. En Castille même, de nombreux nobles expriment leur désaccord en raison des demandes extraordinaires d’argent et de soldats. À Soria, la ville où se trouvait Alphonse lorsqu’il a reçu l’ambassade de Pise, les nobles locaux sont allés jusqu’à l’émeute (la « Conjuration de Soria »).
Après avoir dépensé d’importantes sommes d’argent pour soudoyer les électeurs, le comte palatin du Rhin et les archevêques de Mayence et de Cologne s’étaient déjà prononcés en faveur de Richard de Cornouailles, tandis que l’archevêque de Trèves, le duc de Saxe et le margrave de Brandebourg étaient en faveur d’Alphonse. Le 13 janvier 1257 est la date de l’élection à Francfort, mais les partisans d’Alphonse refusent de laisser entrer les partisans de Richard dans la ville. Ils se réunissent donc à l’extérieur des murs de la ville et élisent Richard roi avec l’autorisation du roi de Bohême Otakar II. Le 1er avril, les partisans d’Alphonse l’élisent roi à Francfort, également avec l’autorisation d’Otakar II, qui, soucieux de maintenir la vacance, vote deux fois.
En conséquence, les forces en présence étaient relativement égales et Alphonse dut dépenser d’énormes sommes d’argent pour obtenir un soutien à sa cause, ce qui provoqua le mécontentement des Cortes et l’opposition de la noblesse. Le coût de cet investissement est souvent considéré comme la fin de l’Empire. Richard est couronné roi le 17 mai 1257 à Aix-la-Chapelle, alors qu’Alphonse n’a même pas fait le voyage en Allemagne pour affirmer son autorité, de sorte que sa cause en Allemagne est affaiblie ; Alphonse vise un couronnement impérial par le pape, mais ce dernier ne veut pas renforcer les Gibelins et repousse cette possibilité ; en outre, Clément IV soutient les Guelfes en attirant Charles d’Anjou à sa cause, qu’il investit comme roi de Sicile en 1265. Le ralliement d’Henri de Castille (Don Arrigo), frère d’Alphonse, à la cause du gibelinisme allait définitivement faire disparaître toute aspiration au couronnement impérial.
La mort de Richard de Cornouailles en 1272 ravive l’espoir d’être reconnu comme empereur légitime par le nouveau pape Grégoire X. Mais le pape est favorable à l’élection d’un nouveau roi des Romains, ce que font les princes allemands le 27 septembre 1273 en élisant Rodolphe Ier de Habsbourg, mettant ainsi fin à l’interrègne. Rodolphe Ier est finalement reconnu par le pape le 26 septembre 1274, après avoir invité Alphonse à démissionner. N’ayant toujours pas démissionné, Alphonse se rendit auprès du pape à Beaucaire, où il n’obtint aucune concession et renonça à ses droits en mai 1275.
Conséquences culturelles
L’œuvre d’Alphonse X, les Siete Partidas (Sept Partidas), s’inscrit dans cette volonté de légiférer pour l’ensemble de l’Empire, qu’il souhaite contrôler.