La Dialectique des Lumières (en allemand : Dialektik der Aufklärung) est un ouvrage de philosophie et de critique sociale écrit par les philosophes de l’École de Francfort Theodor Adorno et Max Horkheimer, et publié pour la première fois en 1944. Une version révisée a été publiée en 1947.
Les deux auteurs se sont consacrés à ce que l’on appelle la théorie critique, un courant qui s’est engagé dans un devoir social d’émancipation des structures établies de la société moderne. Dans ses pages, on trouve une analyse critique de la culture de masse et du fascisme, tout en reliant le concept de Raison au système social moderne. Pour comprendre cet ouvrage, il est nécessaire de se référer au concept kantien des Lumières et de l’Illuminisme.
Cet ouvrage, contextualisé en 1944, a circulé clandestinement dans les années 1950 et 1960, mais est néanmoins devenu un texte de référence. La proposition centrale du livre sera de défendre l’idée que l’Holocauste n’est pas un événement fortuit mais une conséquence idéologique de la manière dont l’Empire occidental s’est constitué. Il convient également de réfléchir au fait que les deux philosophes n’adhèrent pas du tout à l’idée que notre société est uniquement capable d’engendrer des systèmes totalitaires. De ce point de vue, la Théorie critique devrait être un moteur de changement social.
Concept d’illustration
La société aurait créé un concept de raison en la définissant comme un instrument de maîtrise de la nature et du semblable. Nous ne nous sommes pas rendu compte du piège dans lequel, en pensant cela, nous tombions. Car en maîtrisant la nature, l’homme doit se maîtriser lui-même, refouler ce qu’il y a de naturel en lui, dissolvant ainsi l’individualité créatrice dans la rationalité économique. Par conséquent, une approche positiviste de la science serait également une autre mesure de contrôle. Ainsi, la pensée des Lumières s’articule autour de la raison, et ce système rationnel jette les bases d’une philosophie qui donnera naissance à la société moderne. Ce que l’on appelle le rationalisme renvoie à un mode de pensée hérité et traité comme une vérité absolue, ce qui est faux. La société moderne est donc une société dans laquelle la connaissance scientifique acquiert une valeur supérieure à toute autre.
Selon Adorno et Horkheimer, ce que l’on entend par Raison fonctionne comme un mécanisme de domination sur la nature et sur l’autre. Cependant, penser rationnellement n’implique pas une attitude de despotisme. Le concept de raison dominante a fonctionné en relation avec un système de pouvoir culturel et politique, dans lequel avoir raison implique d’avoir de l’autorité. C’est pourquoi le pouvoir de la connaissance scientifique est mis au service d’intérêts dans un système autoritaire.
Ce concept fait référence à Descartes, considéré comme le père fondateur de la philosophie moderne. La phrase Je pense, donc je suis est le slogan qui définit le mieux cette philosophie et établit un système hiérarchique dans lequel les idées sont ce qui nous permet d’articuler le réel, qui ne peut être connu s’il n’est pas d’abord compris sur le terrain théorique, appelé terrain idéal, ou terrain des idées. Ainsi, la pratique ne peut avoir lieu que si elle est d’abord théorisée.
Cette relation idéal-réalité nous renvoie à la relation sujet-objet, dans laquelle le premier décide et, d’une certaine manière, agit sur le second.
Dans le domaine social, nous pourrions également appliquer cette analogie : la société se révèle être un objet d’étude sur lequel le philosophe opère (comme le proposait Platon).
Les auteurs aborderont la science positiviste comme une philosophie qui fonctionne de la même manière qu’un mécanisme totalisant si elle dépasse le plan philosophique, car dès que les sciences sociales tentent de donner une perspective totale de leur domaine, elles ont une intention totalitaire, puisque la réalité est subordonnée à un système d’idées totalisantes.
Conséquences socioculturelles
Dans la société moderne, la définition de la société et celle de la domination sont donc liées. Il est synonyme de dire que la société moderne est condamnée à cette domination. Pour la contrôler, on utilisera un schéma de systématisation, c’est-à-dire de standardisation, selon des principes d’organisation et des bases d’autorité. Du point de vue du sujet, nous aurons un sujet atrophié, non créatif, isolé et individuel. Pour beaucoup, le fait que le sujet soit lié à la norme fait de lui le sujet idéal.
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