Droit espagnol

Le droit espagnol est le système juridique qui régit le Royaume d’Espagne, c’est-à-dire le territoire espagnol, ses eaux territoriales, les consulats et les ambassades, ainsi que l’intérieur des navires civils battant pavillon espagnol sur le territoire international. Il s’applique également aux forces armées espagnoles, où qu’elles se trouvent.

Le droit espagnol émane du peuple espagnol par l’intermédiaire de ses institutions démocratiquement élues. De même, une partie du système juridique espagnol provient des institutions supranationales de l’Union européenne.

Caractéristiques

Il s’agit d’un droit de type continental, fondé principalement sur le droit au sens large (lois et règlements) et, dans une moindre mesure, sur les décisions judiciaires et la coutume. Il s’agit également d’un droit complexe, qui englobe différents systèmes juridiques qui coexistent grâce à l’organisation territoriale en communautés autonomes.

La règle suprême du droit espagnol est la Constitution espagnole de 1978, qui régit le fonctionnement des pouvoirs publics et les droits fondamentaux des Espagnols, ainsi que le cadre organisationnel des différentes communautés autonomes et leurs compétences. La Constitution, en plus d’être une norme juridique directement applicable par le pouvoir judiciaire, jouit d’une suprématie matérielle qui conditionne le contenu des autres normes.
Ainsi, toute règle juridique faisant partie du système juridique espagnol sera soumise à une exigence de validité qui tourne autour de sa compatibilité avec la Constitution (toutes les règles contraires à la Constitution seront nulles et non avenues). Cependant, il est évident qu’un organisme public compétent est nécessaire pour assurer le respect de cette exigence. Dans le cas de l’Espagne, il existe une juridiction constitutionnelle attribuée aux tribunaux ordinaires et au Tribunal constitutionnel, selon le modèle kelsénien (ou autrichien).

Selon cette doctrine, la juridiction constitutionnelle a deux opérations de base :

En principe, le Tribunal constitutionnel est le seul organe à pouvoir détenir le pouvoir de rejet des normes ayant rang de loi. Il convient de noter qu’il s’agit d’un organe assez restreint, de sorte que seuls d’autres organes publics peuvent le saisir, à l’exception notable des recours en amparo, qui peuvent être introduits par des personnes physiques et morales, à condition que les recours judiciaires aient été épuisés et qu’elles aient vu violer l’un des droits fondamentaux visés à l’article 14 et à la section 1 du chapitre deux du titre premier de la Constitution, ainsi que l’objection de conscience, telle que reconnue à l’article 30.

Dans le cas où un tribunal ordinaire se trouverait confronté à une norme ayant une valeur juridique, il ne disposerait que du droit de vérification et devrait recourir à la Cour constitutionnelle par le biais d’une question de constitutionnalité, car elle est la seule à pouvoir rejeter les normes.
Il convient de noter qu’en cas de norme infra-juridique, toute juridiction ordinaire aura les deux capacités, pouvant exercer son pouvoir de rejet normatif, en les inappliquant ou en les déclarant nulles et non avenues, selon la procédure.

La division des pouvoirs, idée fondamentale de la pensée libérale, est au cœur du système politique. À la base, la souveraineté nationale permet l’élection au suffrage universel (hommes et femmes de plus de 18 ans) des représentants du peuple souverain au sein des Cortes. Ils exercent le pouvoir législatif entre les deux chambres, le Congrès des députés et le Sénat, élisent le président du gouvernement et contrôlent l’action de l’exécutif, qui est soumis aux règles de droit (c’est un État de droit).

Le pouvoir judiciaire est exercé par les juges et les tribunaux, qui sont nommés par concours public, et par le jury populaire, composé de citoyens tirés au sort à chaque procès. La Cour constitutionnelle vérifie que les lois et les actions de l’administration publique sont conformes à la Constitution.

Sources du droit espagnol

Les sources du droit espagnol sont les suivantes :



La jurisprudence est une source secondaire, qui est prise en compte comme motif de cassation.
En Espagne, le droit public comprend la réglementation des plus hautes institutions de l’État, le droit constitutionnel, qui régit l’organisation, les compétences et le fonctionnement des organes constitutionnels (Conseil d’État, Cour des comptes, Tribunal constitutionnel, Conseil général du pouvoir judiciaire, etc.), les droits reconnus par la Constitution et les mécanismes constitutionnels permettant de faire face aux intrusions des pouvoirs publics dans les libertés, droits et garanties individuels.

Enfin, le droit pénal, le droit procédural, le droit financier et fiscal et certains domaines du droit du travail (délits et sanctions dans l’ordre social, par exemple), partagent avec ce qui précède la nature juridique du droit public, car l’une des parties exerce un pouvoir public et doit le faire précisément par le biais de la procédure légalement établie et conformément aux buts et objectifs fixés par la Constitution et le reste de l’ordre juridique.

L’article 1.2 du code civil espagnol stipule que « les dispositions qui contredisent d’autres de rang supérieur sont nulles », ce qui signifie qu’il faut nécessairement établir une hiérarchie des normes pour distinguer les règles de rang inférieur de celles de rang supérieur. Cependant, les relations entre les règles ne se limitent pas à une question de hiérarchie, mais il existe également des relations de compétence entre certaines règles et d’autres.
À cette fin, la Constitution espagnole de 1978 est la règle suprême du système juridique espagnol, qui régit à son tour l’interrelation complexe entre les différentes règles, leur hiérarchie et leur compétence.

Selon la Constitution, la hiérarchie des normes en droit espagnol est la suivante :



En outre, la Constitution établit la compétence des communautés autonomes dans la réglementation de certaines matières et leur capacité à adopter des lois par l’intermédiaire de leurs propres parlements. Dans le cadre d’un processus conjoint entre le parlement autonome et le parlement national, le statut d’autonomie est adopté, ce qui constitue la norme constitutive et fondamentale de l’autonomie. Après le statut, la priorité de la législation dans la sphère de la communauté autonome est constituée par les lois adoptées par le parlement autonome dans les domaines relevant de sa compétence et, à un niveau inférieur, par les règlements émis par l’exécutif autonome.

La relation entre la réglementation régionale et celle de l’État est une relation de compétence, les compétences étant celles établies dans la Constitution, dans le statut d’autonomie respectif ou dans d’autres dispositions de l’État. La Cour constitutionnelle espagnole est l’organe chargé de décider si une loi est inconstitutionnelle et de résoudre les conflits de compétence entre l’État, les communautés autonomes et les autorités locales.

Les autorités locales n’ont pas reçu de pouvoirs législatifs, bien qu’elles disposent de pouvoirs réglementaires.
Outre ces trois niveaux, il faut mentionner le droit communautaire, ou droit de l’Union européenne, puisqu’il s’agit d’un système juridique autonome applicable en Espagne et dont les règles priment sur les règles nationales en vertu de la priorité des sources, qui place le traité à un niveau supérieur à celui de la loi. En ce qui concerne la Constitution, il existe un vaste débat entre les constitutionnalistes et les communautariens sur la question de savoir qui prime. Pour les premiers, la Constitution prime sur le droit communautaire, tandis que pour les seconds, c’est l’inverse. Dans la pratique, les seules fois où il y a eu conflit entre les traités européens et la Constitution, cette dernière a été modifiée avant la ratification de l’accord.

Le droit communautaire, quant à lui, se divise en droit originaire et en droit dérivé, le premier étant les traités ratifiés par l’Espagne et le second les règlements émis par les institutions communautaires dans le cadre de leurs compétences.

Tous les règlements émis par les institutions communautaires sont directement applicables en Espagne en vertu du traité sur l’Union européenne, qui a été ratifié par l’Espagne et fait donc partie du droit interne espagnol. Étant donné que les traités ont une position hiérarchique supérieure à celle des lois, en cas de conflit entre le droit communautaire et le droit interne, le premier doit prévaloir sur le second.
Dans le cadre du droit communautaire, il convient de souligner la différence entre les directives et les règlements communautaires. La différence réside dans le fait que les premières doivent être appliquées par l’État membre par le biais de la promulgation de lois, tandis que les seconds sont directement applicables.



Parmi la série de règles de droit matériel qui font partie de l’ordre juridique espagnol, il convient de souligner les suivantes en raison de leur importance :

En ce qui concerne le droit procédural, les principales dispositions se trouvent dans les règles suivantes :

L’interprétation des règles en Espagne

Le code civil espagnol réglemente l’interprétation des normes et établit ce qui suit :

L’article 3 établit l’interprétation littérale comme l’interprétation privilégiée, ainsi que l’interprétation téléologique, en fonction de l’esprit et de la finalité des normes. Le critère de l’équité est pris en compte, mais de manière subsidiaire.



L’article 4 limite l’application de l’analogie aux lacunes juridiques dans lesquelles il existe une identité entre le cas réglementé et le cas non réglementé, et l’interdit dans des cas spécifiques, parmi lesquels le droit pénal se distingue.

Formation historique du droit espagnol

D’une manière générale, on peut dire que le droit espagnol s’est forgé par la combinaison de règles dérivées de différents systèmes juridiques et, en particulier, des suivants :
Parmi ces trois systèmes, celui qui a exercé la plus grande influence sur le droit espagnol est sans aucun doute le droit romain, dont s’inspire une grande partie des règles contenues dans le code civil espagnol.

En outre, le droit espagnol s’est formé par l’union d’un grand nombre de systèmes juridiques différents, comme en témoignent les fueros médiévaux, qui s’appliquaient à de très petites populations. Ces droits se sont lentement rassemblés pour former les différentes lois forales espagnoles, qui ont fini par se fondre dans un système juridique unique et complexe.

D’autre part, il est nécessaire de différencier les différentes lois forales des lois des communautés autonomes dans le cadre de leurs compétences. Les lois forales sont des spécialités régionales du droit civil qui ont préexisté historiquement et sont restées en vigueur pendant les différentes unifications du droit en Espagne et, en particulier, les décrets de la Nueva Planta de Philippe V. La Constitution espagnole actuelle les reconnaît, et la Constitution espagnole actuelle les reconnaît comme un type particulier de droit civil. La Constitution espagnole actuelle les reconnaît et donne compétence aux communautés autonomes respectives pour leur développement législatif.

D’autre part, la Constitution espagnole elle-même établit la possibilité pour les communautés autonomes de réglementer différentes matières qui n’ont rien à voir avec les droits historiques, pour des raisons d’organisation territoriale et de décentralisation. Ces matières sont assumées, ou peuvent être assumées, par les communautés autonomes librement à travers leurs statuts d’autonomie, sans qu’il y ait de distinction entre une communauté et une autre.



L’application de la loi en Espagne. Le pouvoir judiciaire

La Constitution espagnole de 1978 réglemente les caractéristiques du pouvoir judiciaire et la loi organique du pouvoir judiciaire détermine « la constitution, le fonctionnement et le gouvernement des cours et tribunaux, ainsi que le statut juridique des juges et des magistrats ».

Deux organes sont créés : celui des juges et des magistrats et celui du ministère public. Les premiers sont inamovibles et indépendants, tandis que les seconds sont chargés de poursuivre les délits et de défendre la légalité et les droits des citoyens, et sont régis par les principes d’unité d’action et de dépendance hiérarchique.

L’application de la loi, quant à elle, se fait dans différentes juridictions spécialisées :



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