Paramanga Ernest Yonli (né en 1956 à Tansarga, province de la Tapoa), également connu sous le nom d’Ernest Paramanga Yonli, est un homme politique burkinabé. Il a été Premier ministre du 6 novembre 2000 au 3 juin 2007 et président du Conseil économique et social du Burkina Faso jusqu’en mars 2015. Il est membre du Congrès pour la démocratie et le progrès et grand officier de l’Ordre national du Burkina Faso.
Biographie
Paramanga Ernest Yonli est un descendant de la dernière dynastie du royaume Gurmanche fondé à la fin du XIIIe siècle par des immigrés du Kanem-Bornu, un empire originellement situé entre le Niger, le Nigeria et le Tchad. La dynastie, dont l’histoire est liée à celle du peuple Gurmanche de l’est du Burkina Faso, est divisée en trois lignées : Yobri, Tambaga et Tansarga. Paramanga Ernest Yonli est issu d’une des familles dirigeantes de cette dernière lignée, les Tansarga.
La société gurmanche est organisée autour d’un pouvoir centralisé composé d’une famille fondatrice, de ministres de la cour et du peuple. Ce pouvoir est régi selon des principes démocratiques puisque le chef ou roi est désigné par un vote de tous les citoyens majeurs. L’arrière-grand-père, le grand-père et le père de Paramanga Ernest Yonli ont régné consécutivement à Tansarga, dans le département de Gobnangou. Son frère aîné est actuellement le chef du village de Tansarga.
Paramanga Ernest Yonli a grandi dans cette société démocratique mais hiérarchisée, à la culture ouverte sur l’extérieur (Haoussa, Djerma, Peulh, Mossi,…).
Il a obtenu son baccalauréat en mathématiques et sciences naturelles avec distinction en 1976.
En ce qui concerne ses études universitaires, après avoir obtenu une licence en économie à l’université de Ouagadougou, il est sorti premier de sa promotion avec une maîtrise en économie de l’université du Bénin au Togo, puis a complété sa formation par un doctorat de l’université de Groningue aux Pays-Bas. Sa thèse de doctorat portait sur « Les stratégies des agriculteurs pour la sécurité alimentaire et la commercialisation des céréales : le rôle des banques de céréales dans le nord du Plateau Central du Burkina Faso ».
Paramanga Ernest Yonli s’est également spécialisé en économie internationale (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), en économie du développement et en économie agricole (idem).
Il est marié à Safi, l’une des filles de l’ancien président Saye Zerbo (1980-1982), et a quatre enfants.
Parcours professionnel
Après avoir travaillé dans l’administration et la gestion des entreprises en France, il a commencé à travailler comme chercheur à l’université de Ouagadougou (1985-1994). Durant cette période, il a fait partie d’une équipe de recherche internationale multidisciplinaire travaillant sur les « risques de l’agriculture » dans les zones semi-arides. Ce groupe de recherche international, basé en Europe, regroupe des chercheurs de l’Union européenne et des pays membres de la CEDEAO tels que le Ghana, le Burkina Faso, le Bénin, le Togo et la Côte d’Ivoire. La thèse de doctorat qu’il a soutenue en 1997 aux Pays-Bas est la suite logique des résultats des recherches de cette équipe internationale au Burkina Faso, notamment dans les provinces du Yatenga, du Sanmatenga, du Namentenga, du Bam et du Passoré. En octobre 1994, Paramanga Ernest Yonli, parallèlement à ses travaux de recherche, est nommé directeur général du Fonds national pour la promotion de l’emploi (F.A.P.E.), où il est chargé de réorganiser l’organisme qui promeut l’auto-emploi des jeunes diplômés des universités et des centres d’enseignement professionnel du pays.
Grâce au nouveau financement, Paramanga Ernest Yonli étend les compétences du Fonds aux artisans et au secteur informel. Dans le même temps, il a initié la décentralisation du Fonds en ouvrant des bureaux dans les dix principales villes du Burkina Faso, en plus de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, démontrant ainsi son esprit d’innovation et d’ouverture à la modernité.
La carrière politique
En 1992, lors des premières élections législatives qui consacrent le retour du Burkina Faso à l’État de droit, il est élu tête de liste de l’ODP/MT dans sa circonscription de la Tapoa. Bien qu’il ait décliné l’offre pour des raisons personnelles, il a mené la campagne qui a permis à son parti de remporter deux des trois sièges en jeu.
Lors des élections de la deuxième législature de la IVe République en 1997, alors qu’il est également directeur de cabinet du Premier ministre Kadré Désiré Ouedraogo (poste qu’il occupe depuis 1996), il conduit la liste du parti au pouvoir (rebaptisé Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP)) et remporte les deux sièges de sa circonscription, comme en 2002, 2007 et 2012.
Élu quatre fois député à l’Assemblée nationale (de 1997 à 2012), Paramanga Ernest Yonli n’a jamais pu siéger, occupant de hautes fonctions pendant toute cette période : d’abord comme directeur de cabinet du Premier ministre en 1996, comme mentionné ci-dessus, puis comme ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l’État en 1997, et enfin comme Premier ministre et président du gouvernement en 2000, poste qu’il a occupé pendant sept ans, battant ainsi le record de longévité au pouvoir dans son pays.
En 2007, il est nommé ambassadeur du Burkina Faso aux États-Unis. Il a été le premier ambassadeur à réunir l’ensemble de la communauté burkinabé vivant aux États-Unis. Il se rend régulièrement à l’Université de Houston au Texas pour visiter l’une des plus grandes communautés d’étudiants burkinabés aux États-Unis.
En 2012, il est retourné dans son pays pour occuper le poste de président du Conseil économique et social, poste qu’il occupe encore aujourd’hui.
Travail politique pour le Burkina Faso
Le mandat de Paramanga Ernest Yonli est incontestablement marqué par l’innovation, la primauté accordée aux valeurs fondamentales de la société burkinabé (dialogue – tolérance – pardon) et l’efficacité.
En septembre 1997, le Président Blaise Compaoré nomme Paramanga Ernest Yonli Ministre de la Fonction Publique et lui confie la très redoutée Réforme Générale de la Fonction Publique. En effet, après plusieurs tentatives, tant avec les partenaires sociaux qu’avec les députés, l’affaire n’a pas abouti, alors que le parti au pouvoir disposait d’une écrasante majorité à l’Assemblée nationale (101 députés sur 111). C’est le premier défi auquel est confronté Paramanga Ernest Yonli, arrivé en septembre 1997, comme nous l’avons vu plus haut. En décembre de la même année, il organise les assises nationales de la réforme et réussit à faire adopter les trois lois consacrant la réforme générale de l’administration publique lors de la première session de l’Assemblée nationale en 1998.
Afin de consolider la réforme de la fonction publique, Yonli a mis en place un cadre de concertation permanent entre les syndicats et le gouvernement. Ce cadre de rencontre entre le gouvernement et les syndicats a été institutionnalisé en 2000, lors de l’arrivée de Paramanga Ernest Yonli à la tête du gouvernement burkinabé. Ces rencontres, qui se tiennent annuellement, permettront aux deux parties d’analyser la plate-forme de revendications des syndicats chaque année, et d’évaluer les mesures prises par le gouvernement pour promouvoir et apprécier le contenu de la réforme. L’institutionnalisation de ce cadre de rencontre permet de minimiser les conflits sociaux et de renforcer la confiance entre le gouvernement et les organisations de travailleurs, renforçant ainsi la paix sociale, condition sine qua non du développement harmonieux d’une démocratie en construction.
En juillet 2001, à Bobo Dioulasso, Paramanga Ernest Yonli a décidé, en accord avec les représentants des entreprises, d’institutionnaliser une rencontre entre le gouvernement et l’ensemble du secteur privé. Applaudies par la Chambre de Commerce et les agents de développement, elles se tiennent chaque année dans la capitale économique. La conférence est l’occasion de partager les performances économiques et sociales du pays au cours des 12 derniers mois, d’évaluer les difficultés et les obstacles dans les différents secteurs économiques et de faire des prévisions pour les 12 mois à venir. Les journées de rencontre se poursuivent et sont devenues un véritable instrument de gouvernance économique au Burkina Faso en permettant au gouvernement de mieux mesurer ses interventions dans le secteur économique par rapport à des repères de planification économique à moyen et long terme.
Pendant le mandat de Yonli, le Burkina Faso a décidé de passer des méthodes conventionnelles de gestion du genre à l’organisation en 2004 de rencontres annuelles consacrées aux femmes et aux jeunes, inspirées des stratégies sectorielles des organisations internationales. Ces rencontres se sont révélées être des moments d’introspection et de proposition permettant d’aborder résolument les problèmes de promotion et de développement de ces deux groupes sociaux qui constituent plus de 70% des actifs du pays.
Lorsque Yonli a pris la tête du gouvernement à la fin de l’année 2000, il s’est vu confier trois tâches importantes :
Les trois tâches seront traitées par une commission gouvernementale, qu’il a lui-même organisée en toute liberté, et soumise au président Compaoré, qui l’accepte sans modifications majeures. La commission, composée de technocrates, d’hommes politiques et d’acteurs de la société civile, a fonctionné comme l’avait souhaité son chef, Paramanga Ernest Yonli.
Sur le plan social, le dialogue a été utilisé comme un moteur pour créer les conditions de la paix à travers l’appel à la tolérance et au patriotisme. En matière de décentralisation, le gouvernement a opté pour une approche progressive afin de créer les meilleures conditions d’implication des cadres, des élus et des populations.
Sur le plan économique, il convient de noter que durant le mandat de M. Yonli, la croissance économique est passée d’un taux annuel de 3-4 % à 7-9 %.
Grâce à la décentralisation du Burkina Faso, on peut dire qu’elle est aujourd’hui achevée et qu’elle peut se prévaloir d’une certaine exemplarité au niveau sous-régional. Sous le gouvernement Yonli, 13 régions ont été créées, regroupant les quatre provinces. En outre, le texte d’orientation de la décentralisation a permis de réduire le nombre de municipalités de 55 à 30 afin que la population puisse élire son gouvernement local. Cela a permis de développer non seulement la démocratie participative, mais aussi les économies locales.
Les programmes de réduction de la pauvreté, même s’ils n’ont pas atteint tous les résultats escomptés, ont permis au Burkina Faso de devenir le meilleur élève de la sous-région sur le plan économique grâce aux partenaires multilatéraux.
Le programme décennal de développement de l’éducation, qui a permis d’accélérer le taux d’alphabétisation, mérite également d’être mentionné. Sous son mandat, le taux de scolarisation est passé de 39 % à 70 % en sept ans.
Enfin, les responsables de la planification économique et de la gouvernance maîtrisent désormais les outils de détection, d’évaluation et de réduction de la pauvreté, qui permettent de mieux cibler les projets et programmes de développement pour obtenir plus rapidement des résultats plus tangibles.
Ceci a été rendu possible par deux décisions majeures, qui sont désormais à la base de la gouvernance économique et sociale du pays. Ces décisions sont les suivantes :
En 2004, Paramanga Ernest Yonli a entrepris un tour du monde afin d’assurer la promotion économique du Burkina Faso. L’objectif de ces voyages était de fournir de nombreuses informations sur le potentiel économique du pays et d’accroître ainsi son attractivité pour les investisseurs.
Pour ce faire, il s’est rendu en compagnie d’hommes d’affaires à :
Le résultat le plus visible est le résultat de sa visite au Canada ; au cours de cette même visite, l’exploitation minière commence, la première étant celle de Taparko (province du Sanmatenga). En 2009, l’or est extrait de six mines, ce qui en fait le premier produit d’importation du pays, devant le coton. Un nouveau code minier est en cours d’adoption afin d’assurer un équilibre entre les bénéfices des mineurs, de l’Etat et de la population.
Depuis 2012, dans le cadre de la présidence du Conseil économique et social, Paramanga Ernest Yonli a publié plusieurs rapports, tels que :
Opposition à l’article 37
Bien qu’il ait rappelé la nature juridique du processus de réforme constitutionnelle lors d’une réunion du PDC au Stade du 4 août, il a officiellement annoncé à l’automne 2014 les risques politiques et sociaux liés à une telle réforme dans un rapport public du Conseil économique et social.
Rappelons ici que c’est le projet de vote de la réforme de l’article 37 de la Constitution burkinabè à l’Assemblée nationale qui a conduit au renversement du président Blaise Compaoré.