HD 80606 b est une planète extrasolaire située à une distance de 217,22 années-lumière de la Terre dans la constellation de la Grande Ourse. Elle orbite autour de l’étoile HD 80606, qui fait elle-même partie d’un système stellaire binaire. C’est l’exoplanète ayant l’excentricité la plus élevée (l’orbite la plus allongée) découverte à ce jour. De ce fait, son orbite a une forme très allongée, plus typique des comètes. Elle fait partie des exoplanètes connues sous le nom de Jupiters excentriques.
Découverte
La découverte de HD 80606 b a été annoncée le 4 avril 2001 par le groupe ELODIE. Cependant, la possibilité de l’existence de la planète avait déjà été postulée un an plus tôt par le G-Dwarf Planet Search dans sa recherche de candidats planètes extrasolaires, dont les observations ont débuté en avril 1999 depuis le télescope Keck. Cette possibilité a conduit le groupe ELODIE à suivre l’étoile à travers l’Observatoire de Haute-Provence dans le sud de la France, confirmant finalement l’existence de l’exoplanète.
Caractéristiques
Sa masse est presque quatre fois supérieure à celle de Jupiter, ce qui en fait une géante gazeuse. Sa période de rotation est estimée à environ 34 heures. De plus, en raison de son excentricité, elle fait partie des « Jupiters excentriques ». Cette excentricité est comparable, par exemple, à celle de la comète de Halley, mais avec une différence correspondante en termes de distance et de période orbitale. Cela pourrait être dû, entre autres, au fait que la planète orbite autour d’une étoile faisant partie d’un système stellaire binaire (Struve 1341), car la plupart des planètes à forte excentricité se trouvent dans de tels systèmes stellaires. L’étoile compagnon pourrait avoir causé l’étrange excentricité en raison de la forte inclinaison orbitale de la planète (par rapport au plan de l’orbite des deux étoiles), via le mécanisme dit de Kozai. Les mesures de l’effet Rossiter-McLaughlin sont cohérentes avec les prédictions de ce mécanisme.
La distance de la planète par rapport à son étoile varie de 0,03 unité astronomique (abrégée en UA, la distance entre la Terre et le Soleil) à 0,85 UA. Si l’on compare son orbite avec les planètes du système solaire, on constate qu’au point le plus éloigné de son orbite (0,85 UA), elle se situerait entre Vénus (0,7 UA) et la Terre (1 UA, par définition). En revanche, son point le plus proche (0,03 UA) serait beaucoup plus proche que l’orbite de Mercure (0,4 UA), ce qui est 13 fois plus petit que la séparation entre Mercure et le Soleil. À ce moment-là, une personne se tenant à sa surface verrait l’étoile dans le ciel environ 30 fois plus grande que le Soleil depuis la surface de la Terre.
La planète se trouve la plupart du temps aux points les plus éloignés de son orbite et sa vitesse augmente à mesure qu’elle se rapproche de son étoile. Une personne se trouvant à sa surface verrait l’étoile grossir de plus en plus vite, jusqu’à ce qu’elle soit environ 100 fois plus grande.
La température de la planète varie de 250 K (environ -20 °C) dans l’apoastre à 1 500 K (environ 1 200 °C) dans le périastre, où elle reçoit environ 800 fois plus de rayonnement de son étoile. Lors de son passage dans le périastre, les températures varient de 800 K à 1 500 K en seulement six heures, se réchauffant et se refroidissant rapidement, ce qui est même suffisant pour faire fondre le nickel.
En raison de ces brusques changements de température, amplifiés par le fait que sa rotation n’est pas synchronisée avec sa translation, des tempêtes se développent dans son atmosphère, déplaçant les vents à des vitesses phénoménales, voire à plusieurs kilomètres par seconde, et des tourbillons se développent aux pôles de la planète. C’est la première fois que des astronomes observent des changements atmosphériques en temps réel sur une planète extrasolaire.