L’histoire régionale est la segmentation de l’objet de la science historique pour se limiter aux régions spatiales d’un territoire, son utilisation dans le cadre de l’expression histoire régionale désignant généralement la fraction territoriale d’un État-nation. Elle se situe au-dessus de certaines divisions administratives (province espagnole ou département français), et coïncide souvent avec d’autres (communauté autonome espagnole, lander allemand). Le concept de région est plus fort en géographie, où il existe une plus forte tradition de géographie régionale.
Bien que le terme de région puisse être utilisé dans d’autres sens, qu’il s’agisse de particularismes nationaux (histoire de l’Espagne, de la France…) ou supranationaux (histoire de la Méditerranée, du Mercosur…), le concept d’histoire régionale ne leur est généralement pas appliqué car il manquerait de capacité de discrimination : toutes les histoires particulières (histoire nationale, histoire locale, histoire continentale…) seraient des histoires régionales, pour autant qu’elles n’aient pas de capacité de discrimination. ) seraient des histoires régionales, dans la mesure où elles ne se réfèrent pas à l’histoire universelle mais aux « histoires » des différents « esprits des peuples » (volkgeist) ou de la division correspondante ; la partie (histoire régionale) et le tout (histoire universelle) étant en interrelation dialectique, le second étant l’unité nécessaire de la totalité de la première (ce qui est séparé de la totalité historique – la région – doit ensuite être restitué à la totalité dont il fait partie en tant que synthèse).
La possibilité de faire de l’histoire régionale découle souvent de la demande d’institutions politiques ayant une base territoriale « régionale » (ou quelle que soit la dénomination de la démarcation infra-étatique et supra-municipale) qui souhaitent justifier leur propre existence, ce qui conduit parfois à des expressions uchroniques (comme « le peuple de Castille-La Manche du Moyen-Âge », par exemple). Dans d’autres cas, la coïncidence de la région avec des entités politiques propres dans le passé (comme les royaumes médiévaux) la justifie avec moins de difficulté. Dans le cas de l’Espagne, les histoires régionales sont nombreuses (Andalousie, Aragon, Galice…). Les revendications nationalistes rendent les concepts d' »histoire régionale » et d' »histoire nationale » indiscernables ou interchangeables (notamment dans les cas de la Catalogne et du Pays basque).
Le renouveau de l’historiographie au milieu du XXe siècle, porté par l’école des Annales, a non seulement élargi le champ de l’histoire nationale à l’histoire des civilisations (Fernand Braudel), mais a aussi incité les historiens à rechercher des objets d’étude plus spécifiques. C’est ainsi que les hispanistes français ont introduit la nouvelle méthode en Espagne. La Catalogne dans l’Espagne moderne de Pierre Vilar est un exemple de synthèse régionale (au-delà des considérations nationalistes), tout comme l’ouvrage de Bartolomé Bennassar (Valladolid au siècle d’or. Une ville de Castille et sa campagne au XVe siècle) qui, en spécifiant l’espace en le limitant à une ville et à ses environs, se rattache à une autre discipline, l’histoire locale, bien qu’il dépasse clairement même les dimensions régionales dans son étude. Pour la France, un modèle serait Beauvais et le Beauvaisis de 1600 à 1730, par Pierre Goubert.