Iaudas (grec ancien : Ιαύδας), est un chef berbère du VIe siècle qui a longtemps tenu les Byzantins en échec dans la région de l’Aurès, et a joué un rôle important dans les révoltes berbères qui ont suivi la reconquête byzantine.
Biographie
Gendre de Méfanias, un autre chef de tribu qu’il assassine, et beau-frère de Massonas, fils de Méfanias, Iaudas est, selon Corippus, le doge du manus Aurasien, c’est-à-dire le chef de l’armée aurésienne, et selon Procope de Césarée, le chef des Berbères de l’Aurasie. Ce dernier le décrit également comme le plus beau et le plus courageux de tous les Maures.
Au début de l’année 535, alors que le général byzantin Salomon était occupé à faire face à la révolte des Berbères de Bizacena, menée par les chefs Cutzinas, Esdilasas, Medisinisas et Jurfutes, Iaudas en profita pour conduire ses 30 000 guerriers à envahir et piller les champs de Numidie, jusqu’à la région de Tigisi (aujourd’hui Ain El Bordj, en Algérie), en faisant un grand nombre de prisonniers. Selon le récit fantaisiste de Procope, l’officier Altias, stationné dans la ville de Centuria, chargé de la garde des forts de ce canton, et sa petite armée fédérée de 70 Masagètes, rencontra peu après Iaudas, près de la source d’eau de Tigisi ; Iaudas voulait accéder à l’eau de la source pour ses hommes dévorés par la soif brûlante produite par la fatigue et la chaleur, car c’était alors le fort d’été, tandis qu’Altias voulait récupérer quelques-uns des prisonniers d’Iaudas. Pour régler le différend, les deux chefs se retrouvent face à face. Iaudas, terrifié par les prouesses d’Altias qui avait tué son cheval, s’enfuit avec son armée en déroute. Tout le butin et les prisonniers sont récupérés.
En 534-535, les Berbères de Byzacène, insurgés contre le nouveau pouvoir, sont vaincus par Salomon aux batailles de Mammès et du mont Burgaon, ce qui place Iaudas en première ligne face à l’Empire byzantin. Il riposte, d’abord en accueillant les survivants de l’insurrection, comme Cutzinas, puis en résistant à l’avancée de Salomon dans l’Aurès.
Salomon, accompagné de deux chefs berbères, Massonas, qui cherche à venger son père tué par Iaudas, et Orteas, victime d’un complot de Iaudas et Mastigas, avance contre les Aurès. Il défie Iaudas au combat, mais au bout de trois jours, ses soldats se méfient de la loyauté des Berbères. Salomon abandonne alors la campagne et n’entre plus en conflit avec eux jusqu’en 537, en raison d’une mutinerie de l’armée byzantine au printemps 536.
Iaudas réapparaît aux sources en 537 lorsqu’il s’associe à Stotzas, le chef d’une importante mutinerie de l’armée byzantine, et se réconcilie avec l’un de ses anciens rivaux, Orteas, qui commande les tribus berbères à l’ouest de l’Aurès. À la bataille de Scalas Veteres, Iaudas et les autres chefs berbères qui accompagnaient Stotzas restèrent en retrait et Stotzas fut vaincu. Iaudas se joignit ensuite à Germanus pour poursuivre les mutins byzantins. En 539, après une deuxième campagne minutieuse de Salomon au cœur de l’Aurès, cette fois-ci décisive : il est poursuivi et doit céder après une longue résistance. Il perd son trésor, ses femmes (ou ses concubines), est blessé à la cuisse par un javelot, mais il ne capitule pas : il choisit l’exil en Mauritanie, peut-être chez son vieil allié Mastigas.
Cependant, la grande révolte des tribus de Tripolitaine et de Byzacène, cinq ans plus tard, aboutit à un redressement spectaculaire. En 544, Salomon et ses troupes sont écrasés à la bataille de Cillium par le chef berbère Antalas, le général byzantin est tué.
Fin 545, il attaque à nouveau l’Empire à la tête d’une armée numide, rejointe par la grande coalition d’insurgés menée par Antalas et les Laguatan, et participe avec eux en 546 aux négociations avec un autre dissident byzantin, l’usurpateur d’origine vandale Guntaric, puis à la guerre contre le nouveau général envoyé par Justinien en remplacement de Salomon, Jean Trogilite. En coalition avec Guntaric, il se dirige avec Cutzinas vers Carthage, tandis que le chef berbère Antalas frappe et envahit Bizacena. Carthage est prise, mais Guntaric est victime d’une conspiration et est tué par Artabanes peu après, la ville est prise par les Byzantins.
Au cours de l’été 546, Iaudas est finalement vaincu par le général byzantin Jean Troglite ; cette fois, il n’est pas contraint de fuir, mais doit accepter la tutelle des Byzantins. En effet, il ne réapparaît dans les sources qu’en 547/548 et 548, pour fournir des soldats à l’appel de Jean Troglite, et pour suivre son armée lorsqu’elle doit lutter contre une nouvelle attaque des tribus de Tripolitaine5. Il participe à la bataille victorieuse des champs de Caton contre Antalas et Carcasan et aurait fourni un contingent de 12 000 hommes selon Corippus, qui le présente comme le Famulatus Iaudas, le seul qui, dans les descriptions des auxiliaires berbères dans les Johannis, apparaît comme un allié malgré lui, agissant sous la contrainte.
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