Indéterminisme

L’indéterminisme est l’attitude philosophique contradictoire au déterminisme, c’est-à-dire que les événements ne dépendent pas d’un processus causal « linéaire », c’est-à-dire par nécessité, mais d’un processus « non linéaire », c’est-à-dire par hasard ; et par hasard, ce n’est pas sans causes, mais par un système de causes non coordonnées (non linéaires).

Par opposition au déterminisme (processus rendus nécessaires par des causes linéaires), l’indéterminisme nie la force de nécessité « absolue » de tous les processus physiques et biologiques. Comme le déterminisme, l’indéterminisme est un concept ontologique, concernant l’être.

Puisque le déterminisme, qui est toujours absolu et englobant, nie la liberté des actions humaines, l’indéterminisme s’étend au concept anthropologique de « libre arbitre ». Dans l’indéterminisme, les concepts de système, de processus et d’événement jouent un rôle fondamental, car le hasard est le résultat d’une série de causes non linéaires (non liées).

Indéterminisme ontologique

L’indéterminisme ontologique admet l’existence du hasard comme facteur du devenir de la matière, puisqu’il s’agit d’une simple forme de causalité où les causes ne sont pas « linéaires » comme dans le déterminisme, mais « non linéaires », c’est-à-dire intriquées. Ainsi, contrairement au déterminisme, qui insiste sur un lien rigide entre des causes et des effets de type nécessaire, l’indéterminisme considère également le hasard comme une cause.
Aristote a été l’un des premiers à défendre l’indéterminisme. Certains philosophes ont interprété l' »accident » d’Aristote comme la convergence de deux chaînes causales comme compatible avec le déterminisme, mais Aristote lui-même s’oppose sans équivoque à la stricte nécessité. Les accidents sont des conséquences du hasard. Les causes à partir desquelles des résultats fortuits peuvent se produire sont indéterminées ; par conséquent, le hasard est obscur pour le calcul humain et constitue une cause accidentelle.

La croyance dans le domaine absolu de la nécessité théorisée par le déterminisme est contredite par l’indéterminisme, tout en admettant le hasard. Avec le principe d’indétermination de Werner Heisenberg, l’indéterminisme du monde subatomique est indubitablement prouvé, recevant ainsi sa ratification finale. La mécanique quantique voit la dualité onde-particule des particules élémentaires subatomiques, qui existent à la fois comme une réalité corpusculaire, une masse, un spin et une charge électromagnétique, mais aussi comme une onde. Selon le principe d’indétermination de Heisenberg, le mouvement d’un électron autour du noyau est aléatoire. Cette « imprévisibilité » de la matière élémentaire se reflète dans l’indétermination du monde subatomique.
Le physicien des particules élémentaires et découvreur des quarks Murray Gell-Mann (lauréat du prix Nobel en 1969) a écrit : « Si nous sommes incapables de faire des prédictions sur le comportement d’un noyau atomique, imaginez à quel point le comportement de l’univers tout entier est encore plus fondamentalement imprévisible. Au-delà de ces principes présumés simples, toute histoire alternative de l’univers dépend des résultats d’un nombre inimaginable d’accidents ».

Indéterminisme biologique

Le biologiste Jacques Monod, avec ses recherches dans les années 1950-1960, en est venu plus tard à affirmer le caractère absolument aléatoire des mutations génétiques. Cela lui a valu le prix Nobel en 1965. Le rôle du hasard, déjà implicite chez Darwin, était donc clair. Monod écrit dans son livre Chance and Necessity, un essai de philosophie naturelle de la biologie moderne, que « les mutations de l’ADN sont accidentelles, elles se produisent par hasard. Et comme elles sont la seule source possible de modification génétique de l’ADN en tant que dépositaire des structures héréditaires de l’organisme, il s’ensuit nécessairement que seul le hasard est à la base de la nouvelle information génétique dans l’ensemble du monde de la vie. Le hasard, unique, absolument libre mais aveugle, est la racine même de l’édifice de l’évolution. Ce concept central de la biologie n’est pas une hypothèse parmi d’autres, mais c’est la seule concevable, la seule compatible avec la réalité démontrée par l’observation et l’expérience du vivant.
Le biologiste et généticien japonais Motoo Kimura a remarquablement confirmé que le hasard est le moteur de l’évolution biologique. Dans ses études des années 1960, il a démontré que le hasard est le moteur de l’évolution au niveau moléculaire. Kimura a ensuite publié The Neutral Theory of Molecular Evolution (La théorie neutre de l’évolution moléculaire), dans lequel il affirme que « au niveau moléculaire, la plupart des changements évolutifs sont dus à la dérive génétique par hasard, étant donné que les gènes mutants sont tous équivalents dans la sélection ».

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