Jean VIII Paléologue

Jean VIII Paléologue (grec : Ιωάννης Η’ Παλαιολόγος ; 18 décembre 1392-Constantinople, 31 octobre 1448), empereur byzantin et fils aîné de Manuel II. Associé au trône en tant que co-empereur en 1408, il devient empereur unique en 1425.

Il se marie deux fois, d’abord avec Anna, fille du grand-duc Basile Ier de Moscou, en 1414, puis en 1421 avec Sophia de Montferrat, sœur du comte Jean Jacques de Montferrat, lorsqu’il est nommé co-empereur avec son père. Il n’a pas d’enfant de ces deux mariages.

Pour se protéger de la menace des Turcs ottomans, il rendit visite au pape et accepta l’union des églises grecque et romaine, qui fut ratifiée à Florence en 1439. Lors de ce voyage, il était accompagné de George Gemisto Plethon, un philosophe néoplatonicien qui allait avoir une grande influence sur le monde universitaire italien, ainsi que sur la Renaissance dans toute l’Europe occidentale. L’union des Églises échoue, mais grâce à sa politique prudente à l’égard de l’Empire ottoman, il parvient à conserver Constantinople et, en 1432, résiste au siège du sultan Mourad II.

Il désigne son frère Constantin XI comme son successeur et, malgré les intrigues de ses frères cadets, Démétrius et Thomas, et de sa mère, Helena Dragaš, il parvient à assurer la succession de Constantin.

Avant la mort de Manuel II

Il est chargé de la régence à Constantinople lors du voyage de son père Manuel II Paléologue à Thessalonique et dans le Péloponnèse entre 1414 et 1416. Il est alors gouverneur de Thessalonique. Il y reçoit le prince ottoman Mustafa Çelebi, qui s’est rebellé contre son frère le sultan Mehmed Ier et a été vaincu par lui. Après cette défaite, Mustafa est exilé par les Byzantins sur l’île de Lemnos.

Jean est fait empereur à part entière par son père le 19 janvier 1421. La même année, le sultan Mehmed Ier meurt et Jean VIII, contre l’avis de son père, décide d’aider Mustafa à s’imposer comme successeur face à son neveu Mourad II. Manuel II, très hostile à cette idée, finit par céder et Jean VIII fait transporter Mustafa de Lemnos à la péninsule de Gallipoli. Le prétendant soutenu par Byzance réussit à se faire reconnaître à Gallipoli et à Edirne, mais, passant en Asie Mineure au début de 1422 et marchant sur Bursa, il est vaincu par son neveu ; pris au piège dans les Balkans, il est pendu à mort. Mourad II tourne alors sa fureur contre les Byzantins et assiège Constantinople et Salonique.
À l’automne 1422, le sultan est contraint de lever le siège de Constantinople à la suite de la révolte de son frère cadet, également appelé Küçük Mustafa, qui prend Nicée avec l’appui des Byzantins. Mais Mustafa le Jeune est également vaincu par Mourad II au début de l’année 1423, et le sultan le fait étrangler. Renonçant provisoirement à Constantinople, il redouble ses attaques contre Thessalonique et envoie une armée saccager le Péloponnèse. Jean VIII est alors envoyé par son père en Occident pour demander de l’aide. Il se rend d’abord à Venise, puis auprès de l’empereur germanique Sigismond.

Jean VIII revient bredouille au printemps 1425. Entre-temps, le sultan accorde la paix à Manuel II à des conditions draconiennes : sur le continent, en dehors du Péloponnèse, l’empire est réduit aux villes côtières de Constantinople, Selymbria, Thessalonique, Anchialos et Mesembria, et un tribut annuel de 20 000 hyperperions est imposé. Manuel II, alité, se fait moine en juin 1425 et meurt le 22 juillet.

Après la mort de Manuel II

L’Empire byzantin sur lequel règne Jean VIII se compose de Constantinople et de la Selymbrie ; Anchialos et la Mésambrie sont données en apanage à son jeune frère Constantin (XI), tandis que son autre frère Théodore II Paléologue est le despote de Morée. Quant à Thessalonique, la ville est vendue en 1423 aux Vénitiens par les Byzantins, incapables d’en assurer la défense. En conséquence, l’Empire byzantin, qui avait réussi à reprendre quelques territoires aux Ottomans après la bataille d’Ankara en 1402 (la récupération de Thessalonique est importante à cet égard), décline face à la reprise de la puissance ottomane.

Les Byzantins sont à nouveau sur la défensive, comme le montre le siège de Constantinople en 1422, qui confirme le nouvel ascendant ottoman. Ces derniers consolident progressivement leur contrôle sur la péninsule balkanique, tandis que les Byzantins ne dominent plus que quelques territoires épars. Seul le dépôt de Morée apparaît relativement protégé de la menace ottomane et semble être la seule base à partir de laquelle une reconquête territoriale serait possible. Cependant, ce territoire est profondément déstabilisé par un état d’anarchie latent et l’incapacité du pouvoir central à imposer son autorité sur le long terme.
Jean VIII décide de redistribuer les terres entre ses frères, après que Théodore II a exprimé le souhait de se retirer dans un monastère : il décide de faire de Constantin le despote de la Morée et d’attribuer la Mésambrie à son autre frère, Démétrius. Jean VIII et Constantin XI se rendent dans le Péloponnèse à l’automne 1426, mais entre-temps, Théodore II a changé d’avis. Les frères Paléologues attaquent la ville de Glarentza, qui appartient à Carlo Ier Tocco, comte palatin de Céphalonie et de Zante, et, au début de l’année 1427, battent ce dernier lors d’une bataille navale aux îles Équinates. Tocco concède à Constantin XI la partie du Péloponnèse qu’il contrôle et lui donne la main de sa fille ; Jean VIII y ajoute la partie occidentale du domaine de Théodore II. Jean VIII ajoute la partie occidentale du domaine de Théodore II et réserve un petit territoire au nord de la péninsule au plus jeune de ses frères, Thomas Paléologue. Après ce partage, l’empereur retourne à Constantinople.

Le 26 mars 1430, les Ottomans s’emparent de Thessalonique après un siège de plus de sept ans. La même année, Jean VIII s’entend avec le pape Martin V pour convoquer un concile œcuménique afin de négocier la réunification des Églises : le pape s’engage à organiser le voyage en Italie d’une délégation de sept cents Orientaux, dont l’empereur et les patriarches de Constantinople, d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem. Mais Martin V meurt au début de l’année 1431 et la succession papale, puis le conflit qui éclate entre le nouveau pape, Eugène IV, et le concile de Bâle-Ferrara-Florence-Rome, qui s’ouvre en juillet 1431, gèlent les négociations avec les Byzantins.
En septembre 1437, le pape Eugène IV, ayant pris les choses en main, réussit à obtenir le transfert de la majorité des membres du concile de Bâle à Ferrare, arguant notamment de la nécessité d’y intégrer des représentants des Églises orientales. Il envoie Nicolas de Cuse à Constantinople pour y conduire la délégation prévue. Laissant la régence de la capitale à son frère Constantin XI, Jean VIII embarque fin novembre avec le patriarche Joseph II de Constantinople et des représentants des patriarches d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem, du métropolite de Nicée (Bessarion), d’Éphèse (Marc d’Éphèse), de Rhodes, de Trébizonde, de l’Église de Kiev et de toute la Rus (Isidore de Kiev), des évêques de Bulgarie, de Géorgie, des archimandrites et d’autres membres du clergé. La délégation arrive à Venise en février 1438 et à Ferrare le 6 mars.



Les débats officiels sur la réunification des Églises sont ouverts le 8 octobre 1438 par le discours inaugural de Bessarion. En janvier 1439, la peste se déclare à Ferrare et le concile est transféré à Florence. Le 6 juillet, le décret d’union des Églises est lu dans la cathédrale Santa Maria del Fiore, en grec (par Bessarion) et en latin. Le patriarche Joseph II de Constantinople, décédé le 10 juin, a laissé un texte écrit soutenant le décret. Parmi les évêques, seul Marc d’Éphèse refusa de signer.
La délégation byzantine retourne à Venise fin octobre et revient à Constantinople en janvier 1440, après plus de deux ans d’absence. Immédiatement, l’apparente quasi-unité de l’Église grecque manifestée à Florence se dissout : plusieurs délégués signataires se rétractent ; Jean VIII éprouve les plus grandes difficultés à trouver un successeur favorable à l’union du patriarche Joseph II de Constantinople, et lorsqu’il impose Métrophane II de Constantinople en mai 1440, une grande partie du clergé refuse de reconnaître son autorité. Les trois patriarches d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem refusent la signature de leurs représentants ; Isidore de Kiev, dès son retour, est expulsé de Russie l’année suivante. Bessarion, complètement désabusé, retourne en Italie en décembre 1440.

Démétrius Paléologue, frère de l’empereur, devient dès son arrivée en Mésambrie la voix des opposants à l’Union. En 1442, il conclut un accord avec les Ottomans et assiège Constantinople avec les troupes que lui confie le sultan. Mais l’entreprise échoue, personne dans la capitale ne pousse l’opposition à l’Union jusqu’à trahir l’empereur, et Démétrius est arrêté.
La croisade promise par le pape Eugène IV est prête en 1444 : une flotte quitte Venise pour l’Hellespont et une armée chrétienne de 20 000 hommes, commandée par le roi hongrois Ladislas III Jagellon, quitte Buda pendant l’été. Le désastre de Varna, le 10 novembre 1444, où le roi Ladislas III est tué, met fin à l’expédition. La résistance chrétienne dans les Balkans se poursuit, menée par Jean Hunyadi, régent de Hongrie, au nord, et par Constantin Paléologue, qui envahit la Thessalie au printemps 1445, au sud, mais en 1446, les Vénitiens concluent une trêve avec le sultan ottoman et retirent leur flotte.

En 1447, le sultan Mourad II rétablit son autorité en Grèce. Jean VIII meurt quelques jours après une nouvelle défaite de Jean Hunyadi par le sultan à la bataille de Kosovo en 1448, dans une situation totalement désespérée.

Mariages

Jean VIII Paléologue se marie trois fois. Son premier mariage a lieu en 1414 avec Anne de Moscou, fille du grand-prince Basile Ier de Moscou (1389-1425) et de Sophie de Lituanie, qui meurt en août 1417 de la peste.



Le second mariage, arrangé par son père Manuel II et le pape Martin V, est celui de Sophia de Montferrat en 1421, fille de Théodore II, marquis de Montferrat, et de sa seconde épouse Jeanne de Bar. Jeanne était la fille de Robert Ier, duc de Bar, et de Marie de Valois. Ses grands-parents maternels étaient Jean II de France et Bona de Bohême.
Son troisième mariage, arrangé par le futur cardinal Bessarion, est celui de Maria de Trébizonde en 1427, fille d’Alexis IV de Trébizonde et de Theodora Cantacucena (1382-1426). Elle meurt au cours de l’hiver 1439, également de la peste.

Aucun de ces mariages n’a donné d’enfant.

Représentation artistique

Jean VIII Paléologue est célèbre pour les portraits qu’il a fait réaliser par différents peintres à l’occasion de sa visite en Italie. Le plus célèbre de ses portraits est sans doute celui de Benozzo Gozzoli sur le mur sud de la chapelle des Mages du palais Médicis-Riccardi à Florence. Selon certaines interprétations, Jean VIII est également représenté dans La Flagellation de Piero della Francesca. Un portrait de Jean figure dans un manuscrit du monastère de Sainte-Catherine du Mont Sinaï.

Portrait de Jean VIII Paléologue tiré d’un manuscrit du monastère de Sainte-Catherine, vers 1440.

Médaille de l’empereur Jean VIII Paléologue lors de sa visite à Florence, par Pisanello (1438). La légende indique, en grec : « Jean le Paléologue, basileus et autokrator des Romains ».



Croquis de Jean VIII Paléologue lors de sa visite au Conseil de Florence en 1438, par Pisanello

La Flagellation de Piero della Francesca, représentant peut-être Jean VIII Paléologue sous les traits de Ponce Pilate (le personnage le plus à gauche)

Emblème de l’empereur Jean VIII Paléologue, avec l’aigle bicéphale et le sympilema (chiffre de la famille).

Portrait de l’autocrate Paléologue, correspondant à un détail de la fresque de la Cappella dei Magi, Palazzo Medici Riccardi à Florence, Italie.



Ancêtres

co-empereur avec Manuel II de 14211425 – 1448

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