Kunga Lekpa

Kunga Lekpa, tibétain : ཀུན་དགའ་ལེགས་པ, wylie : Kun dga legs pa, 1433-1483, était un roi du Tibet central qui régna de 1448 à 1481. Il appartenait à la dynastie Phagmodrupa, qui fut le principal régime politique du Tibet central de 1354 à 1435, et conserva un certain statut politique jusqu’au début du XVIIe siècle. Son époque a été marquée par une nouvelle fragmentation de la politique tibétaine.

Premières années

Kunga Lekpa était le fils de Sangye Gyaltsen, frère du dernier souverain effectif de la dynastie, Gongma Drakpa Gyaltsen. Sa mère était Dzompama, une dame de l’importante famille Rinpungpa. Sous le règne de son frère Drakpa Jungne (1432-1445), le pouvoir central du Phagmodrupa s’effondre et le seigneur Rinpungpa Norzang (d. 1466) acquiert une position de premier plan dans la région d’Ü-Tsang, l’une des trois provinces traditionnelles du Tibet, située au centre-ouest du pays. À la mort de Drakpa Jungne en 1445, il y eut un interrègne de trois ans. Le jeune Kunga Lekpa fut élevé au rang d’abbé du monastère de Tsetang en 1446, et fut finalement intronisé roi – gongma, le haut – en 1448 par un conseil de ministres. Il résidait dans le palais de Nêdong à Ü, dans le centre-est du Tibet, avec Konchok Rinchen comme principal assistant.

Conflits entre les récits tibétains et chinois

Son père, Sangye Gyaltsen, encore en vie, réside au monastère de Tsethang et meurt en 1457. Mais dans les annales de la dynastie Mingshi ou chinoise, la succession s’est déroulée différemment que dans les chroniques tibétaines. Elles indiquent que le père Sangerjie Jianzan Ba Cangbu – Sangye Gyaltsen Pal Zangpo – succéda à Drakpa Jungne et régna en son nom propre jusqu’en 1469. Après la mort de ce dernier, l’empereur Chenghua « ordonna » à son fils Gongge Liesiba Zhongnai Lingzhan Jianzan Baer Cangbu – Kunga Lekpa Jungne Rinchen Gyaltsen Pal Zangpo – d’accéder au trône. La divergence historiographique n’est pas facile à expliquer et semble indiquer la vision limitée qu’ont les Chinois des affaires tibétaines. Quoi qu’il en soit, le titre princier – Wang – conféré par l’empereur Chenghua était suffisamment apprécié par l’élite tibétaine pour mériter une mention dans les chroniques locales.

Problèmes avec Rinpungpa

Kunga Lekpa se rendit à Ü-Tsang, où son parent Rinpungpa Norzang le reçut dans le même état. Cependant, le roi n’est pas satisfait du traitement qui lui a été réservé. Il épousa Lady Rinpungpa Chopel Zangmo, sa cousine, mais le mariage fut malheureux et entraîna de graves répercussions politiques. À cela s’ajoutent des différends d’ordre religieux. Le petit-fils de Norzang, Donyo Dorje (1463-1512), était un partisan de la secte Karmapa et insista pour construire un monastère en dehors de Lhassa, dans l’orbite de l’autorité de Phagmodru. Cependant, des moines Gelugpa hostiles rasèrent le nouvel établissement et faillirent tuer le lama du Karmapa, Chödrak Gyatso. Enfin, en 1480, Donyo Dorje envahit la région d’Ü et s’empare de certains districts jusqu’alors contrôlés par Phagmodrupa. Il contraint également le député Konchok Rinchen à quitter le pouvoir. Une nouvelle attaque l’année suivante échoue, mais Kunga Lekpa a déjà perdu une grande partie de sa loyauté auprès de l’élite tibétaine. Les ministres du royaume se réunirent la même année 1481 à Nêdong pour discuter du conflit entre la faction gongma et le Rinpungpa. Finalement, Kunga Lekpa fut déposé et reçut un héritage en guise de compensation. Le trône revint à son neveu Ngagi Wangpo. Deux ans plus tard, le vieux souverain mourut. Il eut un fils nommé Rinchen Dorje (1458?-1476 ?) qui devint abbé de Tsethang en 1467, mais mourut en bas âge. Il est parfois cité comme souverain après Kunga Lekpa, ce qui semble incorrect.

Références

Similar Posts: