Liberté collective

La liberté collective, ou liberté politique collective, est un concept clé de la pensée politique d’Antonio García-Trevijano Forte, dont le contenu est développé dans ses ouvrages Teoría Pura de la Democracia et Teoría Pura de la República et dont les antécédents ou les origines médiates peuvent être suggérés, mais non définis, chez des auteurs tels que Bertrand de Jouvenel, et dont les origines immédiates peuvent être retracées dans le concept de liberté dans le marxisme sous l’influence de la pensée de Hegel.

La liberté politique collective consiste en la capacité d’une nation à choisir sa forme d’État et sa forme de gouvernement, et à garantir la possibilité pour tous les individus qui la composent d’élaborer la constitution à laquelle ils seront tous soumis.

Grâce à la liberté politique collective, une nation est le protagoniste et le leader de son propre destin dans son ensemble, et pour y parvenir, elle doit avoir la force nécessaire pour le conquérir pour elle-même et le maintenir par la suite. Le sujet politique, la nation, démontre sa liberté politique collective en se débarrassant de toute entité ou régime qui a la capacité et l’intention de la dominer, et cela doit se faire en démontrant sa force, ce qui n’implique pas nécessairement des actes violents mais, selon les circonstances historiques et sociales, peut être réalisé par la désobéissance civile, l’abstention électorale, la non-violence, l’insubordination fiscale ou, au contraire, peut même nécessiter une lutte armée.
La liberté politique collective part du fait que la liberté ne peut exister si un sujet l’accorde à un autre, car de même que le premier sujet a le pouvoir de l’accorder, il a le pouvoir de l’enlever. Ainsi, la liberté ne peut être accordée d’un collectif à un autre, mais la source de la liberté est le collectif lui-même, qui doit l’obtenir pour lui-même, dans le développement de sa propre nature libre.

Différence entre liberté collective et liberté individuelle

La liberté politique collective se distingue des libertés individuelles en ce que la première est le fondement des secondes. Bien que la liberté et le droit soient des concepts antagonistes, lorsque l’on parle de libertés individuelles, il s’agit en réalité des droits individuels reconnus par les lois. L’élaboration et l’exécution des lois peuvent être entre les mains d’un pouvoir politique ou d’un autre, selon la forme de gouvernement utilisée par chaque société : il peut s’agir de décrets d’un roi imposés au peuple, de lois dictées par une oligarchie sans consultation préalable des gouvernés, ou encore de lois élaborées par des représentants des citoyens réunis dans une chambre législative. Une nation qui a conquis sa liberté ne peut pas laisser les autres faire les lois à sa place, mais doit elle-même les faire et les garantir.
La nation se donne des lois par l’intermédiaire de représentants élus par la nation elle-même : des candidats libres et égaux en droits, choisis un à un par le reste des habitants, contrôlés par eux et liés à leur volonté par un mandat impératif, de sorte que ce qui arrive à la chambre législative est la volonté majoritaire de ceux qui devront ensuite se soumettre aux lois votées. La nation doit être celle qui s’impose ses propres lois et s’accorde des droits ; et ces lois, droits ou libertés, seront fondés sur une liberté primordiale, une liberté que la nation a conquise collectivement au moment de son indépendance par rapport à tous les régimes politiques antérieurs.

Ainsi, si la nation délègue son pouvoir législatif à des corporations partiocratiques, à des dictateurs, à des rois ou à d’autres entités étatiques, qui ne représentent pas réellement les composantes de la nation, on ne pourra pas parler de libertés, mais de droits accordés.

Préservation de la liberté politique collective

Une fois réalisée, la liberté politique collective est préservée et protégée par l’exercice de la liberté constituante, c’est-à-dire par la matérialisation de la liberté politique collective dans une Constitution qui fonde les institutions politiques capables de garantir les aspects fondamentaux suivants :
1. la séparation des pouvoirs. Une société sans séparation des pouvoirs n’a pas de Constitution, selon l’article 16 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Le pouvoir exécutif de l’État doit être limité par les lois de la nation. L’État ayant le monopole légal de la violence, et ce qui est légal ou non devant être décidé par les gouvernés, l’usage de la force n’est légitimé que dans les cas que les personnes susceptibles de la subir jugent appropriés. Selon le concept classique de checks and balances (développé par des penseurs influents tels que John Locke, Montesquieu ou Alexander Hamilton), dépouiller le gouvernement du pouvoir de faire des lois est le meilleur moyen de garantir un cadre objectif dans lequel l’exécutif n’est pas susceptible d’abuser. De même, l’organe de décision judiciaire ne peut être influencé dans sa formation et son fonctionnement par le gouvernement de l’État, qu’il peut contrôler et poursuivre s’il transgresse la légalité établie de la nation. Autre garantie, l’origine des trois pouvoirs de l’État, exécutif (gouvernement), législatif (nation) et judiciaire (juges), se fera à des moments différents, et la formation de chacun d’entre eux ne nécessitera aucune action de la part des deux autres. Ce n’est qu’ainsi, en contreposant les pouvoirs et en les faisant se surveiller mutuellement, que la nation peut être sûre de son contrôle et éviter les abus qui finissent par mettre en péril sa liberté collective.
2. la représentation des gouvernés. La représentation politique au sein du corps législatif est la garantie que la nation se donne ses propres lois. Dans la représentation politique, comme dans la représentation de droit civil, le pouvoir de révocation est connaturel et constitue la plus grande garantie que le représentant remplit le mandat conféré par le représenté. Tous les individus qui composent le sujet constituant, la nation, doivent avoir le pouvoir de se présenter comme représentants à toutes les fonctions publiques soumises à l’élection populaire. La valeur de son vote lors de l’exercice de la fonction d’électeur, qui doit être la même que celle de tout autre individu de la nation, doit également être assurée.

3. La défense des minorités. Tous les juges, quel que soit leur rang, devraient avoir la possibilité de contrôler la constitutionnalité des lois et des décrets. C’est ce qu’on appelle en sciences politiques le contrôle diffus de la constitutionnalité. Si un individu détecte que ses droits fondamentaux sont attaqués par une loi ou un précepte, il devrait pouvoir demander la protection de la juridiction et tout juge de première instance devrait pouvoir désapprouver ce qui est inconstitutionnel, qu’il ait été approuvé ou non par la majorité de la nation. Son abrogation ou son rétablissement définitifs sont décidés par une chambre spéciale de la Cour suprême. Cela permet d’éviter la tyrannie de la majorité : alors que la loi est appliquée par la majorité contre un seul individu, une Constitution peut défendre un seul individu contre la majorité.

Différence entre liberté politique collective et liberté constituante

Une fois que la nation a atteint sa liberté collective, elle peut décider de sa forme d’État et de gouvernement au moyen d’une norme fondatrice des pouvoirs de l’État et de la reconnaissance des droits fondamentaux, appelée Constitution. Pour garantir la liberté totale du collectif national, l’élaboration d’une Constitution doit être le résultat d’une période de liberté constituante (préalable à un processus constituant), c’est-à-dire une période pendant laquelle il existe un gouvernement provisoire dont l’activité est limitée à la gestion de l’État uniquement en cas d’extrême nécessité (invasion, catastrophe naturelle, révolte généralisée, etc.) et sans aucun pouvoir législatif, de sorte qu’aucune nouvelle loi n’est élaborée. Ce gouvernement provisoire sera composé des dirigeants qui ont conduit la population à la conquête de la liberté et, bien qu’il puisse inclure des personnes qui n’ont pas été actives dans la lutte pour la liberté de la nation, tous ceux qui ont fait partie du régime précédent seront exclus, en raison du principe selon lequel la liberté ne peut pas être accordée par un pouvoir antérieur.
Pendant la période de liberté constituante, l’ensemble de la fonction publique continuera à agir comme d’habitude selon les dernières hypothèses, sans avoir besoin d’une direction politique. La période de liberté constituante durera environ un an, au cours duquel la société civile pourra s’informer et discuter de la forme d’État et de gouvernement qui lui convient le mieux. Le point culminant est l’élection des tribunaux constituants, où tout le monde peut se présenter comme candidat et tout le monde peut être électeur.

Selon la thèse d’Antonio García-Trevijano Forte, les membres des tribunaux constituants devront être sélectionnés un par un par district, à la majorité absolue des habitants de chaque district électoral, puisque, selon ce penseur, ce système électoral est le seul qui, à l’heure actuelle, permette l’élection de véritables représentants puisqu’ils peuvent être révoqués et contrôlés par les districts électoraux à tout moment. Une fois que les cours constituantes se seront réunies, elles élaboreront au moins trois projets de constitution pour garantir le principe électif, dans lequel la forme de l’État et la forme du gouvernement seront déterminées. La progression de la rédaction des articles sera exposée publiquement jusqu’à son achèvement. Une fois qu’elle aura été présentée au peuple, celui-ci choisira par référendum national l’option constitutionnelle qu’il préfère. La Constitution choisie sera proclamée, le gouvernement provisoire et les Cortès seront dissous et de nouvelles élections seront convoquées selon le système établi.
Selon Antonio García-Trevijano Forte, seule une Constitution démocratique, c’est-à-dire établissant la séparation des pouvoirs et le principe de représentation, permettra à la liberté politique collective de perdurer indéfiniment dans le temps.



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