Livia De Stefani (Palerme, 23 juin 1913 – Rome, 28 mars 1991) était un écrivain italien.
Livia de Stefani a été l’un des premiers écrivains à dépeindre le pouvoir de la mafia et à révéler ses mécanismes et ses valeurs, dénonçant en même temps la situation des femmes siciliennes, isolées et expulsées d’un monde entièrement contrôlé par les hommes.
Biographie
Livia De Stefani (1913-1991) est née à Palerme. Fille de riches propriétaires terriens, elle reçoit une éducation culturelle privée et commence à se consacrer à l’écriture dès l’enfance, contre l’avis de ses parents qui n’ont jamais soutenu sa passion pour la littérature. À dix-sept ans, elle s’installe à Rome, laissant derrière elle sa Sicile natale, où elle s’est toujours sentie emprisonnée par des règles et des attitudes ataviques qui l’étouffaient.
Une fois installée dans la capitale, elle commence à écrire sur le monde impitoyable, patriarcal et féroce dont elle est issue. De Stefani a été l’un des premiers écrivains à dépeindre le pouvoir de la mafia et à en révéler les mécanismes et les valeurs, tout en dénonçant la situation des femmes siciliennes, isolées et expulsées d’un échiquier entièrement contrôlé par les hommes.
Elle a connu le succès dès la publication de son premier roman, La vigne des raisins noirs (Mondadori, 1953), une œuvre qui anticipe, dans toute sa complexité, le thème fondamental de sa production littéraire : une critique profonde, originale et désespérée de la Sicile et de sa société.
Ses œuvres suivantes porteront sur un thème similaire. Elle publie d’abord l’anthologie de nouvelles Gli affatturati (1955), puis deux romans : Pasión de Rosa (1958) et Travesía de una desconocida (1963).
Le 30 décembre 1966, son mari Renato Signorini meurt d’une leucémie1. Elle publie ensuite La Signora di Cariddi (1971) et La stella Assenzio (1975). En février 1991, un mois avant sa mort, Mondadori publie son dernier livre, La mafia dans mon dos, qui raconte la coexistence entre le chef d’une organisation criminelle et la narratrice ; c’est un ouvrage que certains critiques ont associé à la narration d’Henry James2.
Poétique
La Sicile des années décisives de sa formation est une présence constante, une composante essentielle de ses romans, et non une simple inspiration narrative. L’auteure elle-même l’a déclaré, souhaitant implicitement souligner son autonomie par rapport aux modèles néoréalistes de son époque.
Quel que soit le milieu social de ses protagonistes – aristocratie, haute bourgeoisie, monde paysan -, ils connaissent toujours un destin tragique. Même lorsque, par un brusque changement de registre, De Stefani tente d’alléger la structure narrative par l’ironie, dénouant la tension dramatique avec un clin d’œil plutôt qu’un sourire (comme on le voit dans les trois récits de Gli affatturati, mais aussi dans ses œuvres ultérieures).
Outre une réflexion constante sur le langage, qui se poursuit dans ses œuvres ultérieures, Livia laisse place à une analyse introspective. Dans le cas du roman La Signora de Cariddi, l’approfondissement psychologique passe par une narration à la première personne ; la protagoniste livre à son avocat une longue « confession » dans laquelle, entre inquiétude et narcissisme, elle exprime sa propre conscience.
Avec son dernier livre, La mafia dans mon dos, publié l’année même de sa mort, le thème brûlant, déjà traité de manière différente dans son premier roman La vigne des raisins noirs, réapparaît. L’auteur tente ici d’expliquer le phénomène criminel dans le contexte d’un monde patriarcal, féroce et pas tout à fait éteint : « violent, fermé, autoritaire et protecteur, avec le culte de son propre pouvoir et la soumission des autres ». Une condamnation forte et courageuse, qui semble s’harmoniser parfaitement avec la personnalité de cet écrivain.
Bibliographie
Giuseppe Ravegnani, in Epoca, 5 juin 1955.
Gaetano Trombatore, dans L’Unità, 28 août 1955.
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