Marco Bellocchio

Marco Bellocchio (Bobbio, Émilie-Romagne, 8 novembre 1939) est un réalisateur et scénariste italien.

Biographie

Il manifeste très tôt une vocation pour le cinéma, dès l’école salésienne de Bobbio où il étudie (et où il est considéré comme un élève rebelle). Il fréquente le cinéma local de Bobbio et, en 1959, il se rend à Londres pour étudier la réalisation de films.
À l’âge de vingt-six ans, il réalise à Bobbio son premier film, I pugni in tasca (1965), dans lequel on retrouve déjà les caractéristiques de son cinéma : son engagement à gauche et son regard critique sur la société. Le film a été tourné avec une grande économie de moyens, financé par la famille de Bellocchio (en particulier son frère Tonino) et tourné dans la maison de la mère du réalisateur. On retrouve le même anticonformisme et la même belligérance politique dans ses œuvres suivantes, le film de fiction La Cina è vicina (1967) et le documentaire Il popolo calabrese ha rialzato la testa (Paola) (1969), ce dernier étant produit par l’Unione Comunisti Italiani. Avec La Cina è vicina, Bellocchio remporte le Grand prix du jury au Festival international du film de Venise et le Nastro d’Argento du Sindacato Nazionale Giornalisti Cinematografici Italiani pour le meilleur scénario. La même année, il réalise l’épisode « Discutiamo, discutiamo » du film collectif Amore e rabbia (les autres épisodes ont été réalisés par Pier Paolo Pasolini, Bernardo Bertolucci, Carlo Lizzani et Jean-Luc Godard).
Bellocchio est athée.
Il évoque son enfance et ses études chez les Salésiens dans le film Nel nome del padre (1972), avec Laura Betti. Son film suivant, Sbatti il mostro in prima pagina, est interprété par Gian Maria Volonté.

En 1974, il apparaît comme acteur dans le film Pianeta Venere d’Elda Tattoli. En 1975, il sort le film Nessuno o tutti – Matti da slegare, dans lequel Bellocchio dépeint crûment les conditions de vie dans les asiles. En 1977, il tourne une version de La Mouette d’Anton Tchekhov.
En 1978, il rencontre le psychiatre Massimo Fagioli, avec lequel il entame une longue et complexe collaboration : Fagioli participe activement à la réalisation de quatre films de Bellocchio : Il diavolo in corpo, La visione del Sabba, La condanna et Il sogno della farfalla.

Après avoir tourné Armonica a bocca (1979) et Vacanze in Val Trebbia (1980), il dirige Angela Molina dans Gli occhi, la bocca (1982) et Marcello Mastroianni dans Enrico IV (1984), d’après la pièce du même nom de Luigi Pirandello. Son film suivant, Il diavolo in corpo (1986), est basé sur le livre de Raymond Radiguet. En 1987, il réalise La visione del Sabba.

Ses films les plus remarquables des années 1990 sont La condanna (1990) et La balia (1999), avec Maya Sansa, librement inspirés du roman de Luigi Pirandello.

En 2002, il dirige Sergio Castellitto dans le film L’ora di religione, qui lui vaut le prix Nastro d’Argento du meilleur réalisateur. Ce film raconte l’histoire de la canonisation d’une mère martyre, morte parce qu’elle a supplié l’un de ses fils d’arrêter de blasphémer. Le film est raconté du point de vue d’un autre de ses fils, qui s’est complètement détourné de la foi.

Dans le film Buongiorno, notte (2003), il reconstitue l’enlèvement et l’assassinat d’Aldo Moro par les Brigades rouges. Le film met en scène Roberto Herlitzka, Maya Sansa et Luigi Lo Cascio, entre autres. Buongiorno, notte a remporté le prix spécial du jury à la Mostra de Venise 2003.
En 2005, il sort Il regista di matrimoni, avec Sergio Castellitto. Ce film a participé à la section « Un certain regard » du Festival de Cannes 2006.

Son film Vincere a été tourné en 2008. Il raconte l’histoire d’Ida Dalser, amante de Benito Mussolini et mère de son fils Benito Albino.

En 2010, il a dirigé la diffusion en direct de l’opéra Rigoletto de Giuseppe Verdi pour la RAI. Elle a eu lieu les 4 et 5 septembre, avec Plácido Domingo dans le rôle de Rigoletto, Julia Novikova (Gilda), Vittorio Grigolo (Duc de Mantoue), Ruggero Raimondi (Sparafucile), Zubin Mehta en tant que chef d’orchestre et Vittorio Storaro en tant que directeur de la photographie. La représentation a eu lieu dans les décors mêmes de l’opéra, dans la ville de Mantoue. 148 pays ont reçu la retransmission en direct.
Il fait alors part de son désir de réaliser un film inspiré de l’histoire d’Eluana Englaro et de son père. Malgré de nombreuses difficultés de production et des conflits avec la Commission du film du Frioul-Vénétie, le tournage débute en janvier 2012 dans une villa historique de Cividale. Le film est présenté en avant-première à la Mostra de Venise, sous le titre Bella addormentata. Le film traite de la question de l’euthanasie et de la difficulté d’avoir une loi sur la fin de vie dans un pays, l’Italie, qui abrite la frontière de la Cité du Vatican, centre mondial de l’Église catholique. Suite à la décision du jury de Venise, qui a exclu le film du Lion d’or (décerné au réalisateur Kim Ki-duk), Bellocchio critique vivement les propos du président Michael Mann et le travail de l’ensemble du jury, l’accusant de ne pas comprendre les films italiens.

Engagement politique

Il fait partie des 756 signataires du manifeste publié en 1971 dans l’hebdomadaire L’Espresso contre le commissaire Luigi Calabresi, accusé d’être un tortionnaire et d’être responsable de la mort de l’anarchiste Giuseppe Pinelli, décédé en tombant d’une fenêtre du commissariat de Milan alors qu’il était interrogé par la police.



Ancien marxiste, il est partisan du Parti radical italien, un parti libertaire et social-libéral. En 2006, il a été candidat du parti « Rosa nel Pugno » aux élections nationales, abandonnant pour la première fois son soutien au parti communiste en faveur de la coalition socialiste.

Autres activités

Il dirige le Laboratoire Farecinema à Bobbio et le Festival du Film de Bobbio, qui se déroule pendant l’été dans la cour de l’Abbaye de San Colombo.

Le laboratoire « Farecinema – meet the authors » est une idée originale du maître Marco Bellocchio qui a voulu créer dans sa ville natale, Bobbio, un laboratoire pour l’enseignement de l’art cinématographique.
Dès la première édition, parallèlement au laboratoire, s’est tenu un festival du film en soirée, ouvert au public, avec un ciné-club à la fin des projections, où les gens participaient à la représentation du film projeté.
En 2005, il devient le Festival d’exposition, prenant le nom de « Bobbio Film Festival », et Marco Bellocchio crée le prix « Le Ponte Gobbo d’Or », en référence au symbole de Bobbio, le Ponte Gobbo médiéval, qui récompensera le film jugé le meilleur parmi ceux proposés.
Pour revoir les films qui fonctionnent, on se déplace dans le cloître de Saint Columban, où l’on prend traditionnellement l’affaire.
Parallèlement, le laboratoire continue Farecinema qui deviendra une école de cinéma et d’art dramatique, et la ville de Bobbio qui deviendra elle aussi une valise de cinéma avec la possibilité de participation de figurants est elle aussi sortie de la rue.

Filmographie

La version anglaise des titres provient de la page Filmaffinity.



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