Nicolas III de Saint-Omer (mort le 30 janvier 1314) était l’un des seigneurs les plus puissants et les plus influents de la Grèce franque. Il était le maréchal héréditaire de la Principauté d’Achaïe, seigneur d’un tiers de l’Akova et de la moitié de Thèbes. Il fut également trois fois bailli de la Principauté d’Achaïe (1300-1302, 1304-1307, vers 1311-1314).
Biographie
Nicolas est le fils de Jean de Saint-Omer, maréchal de la Principauté d’Achaïe, et de Marguerite de Passavant, et le petit-fils de Béla de Saint-Omer, le premier à recevoir la moitié de Thèbes du duc d’Athènes (qui détenait l’autre moitié). De son père, qui meurt avant 1290, Nicolas hérite d’un tiers de la baronnie d’Akova (à l’origine l’héritage de sa mère), ainsi que de vastes terres en Messénie et du poste de maréchal d’Achaïe.
Il participe aux campagnes de 1291/92 contre les Grecs byzantins du Despotat d’Épire et hérite de la domination de la moitié de Thèbes de son oncle Otto de Saint Omer à la mort de celui-ci, peu avant 1299. Il était donc un homme influent dans les affaires grecques franques. C’est sur ses conseils que Guido II de la Roche, le jeune duc d’Athènes, épouse la fille et héritière de la princesse Isabelle de Villehardouin, Mathilde de Hainaut, dans le but d’améliorer les relations des deux États francs les plus puissants, et souvent rivaux, en Grèce, et d’établir une alliance entre eux. En 1300-1302, pendant l’absence d’Isabelle en Italie, Nicolas sert de bailli au souverain d’Achaïe, le roi Charles II d’Anjou.
En 1301, la princesse Isabelle épouse son troisième mari, Philippe de Savoie. Le nouveau prince devient rapidement impopulaire en Achaïe en raison de son arrogance, de ses manières despotiques et de son mépris pour les coutumes féodales de la principauté. Lorsque Philippe, immédiatement après son arrivée, arrête le chancelier Benjamin de Kalamata, Nicolas confronte le nouveau prince à Glarentza et proteste avec véhémence contre cet acte ; la violence est évitée grâce à l’intervention d’Élisabeth et des conseillers de Philippe. En 1302/1303, Nicolas fait campagne aux côtés de son seigneur Guido II d’Athènes en Thessalie, pour aider le souverain local Jean II Ducas à repousser une invasion des Épirotes. Les Epirotes sont repoussés et l’armée franque attaque jusqu’à la province byzantine de Thessalonique, d’où elle se retire à la demande de l’impératrice Yolanda de Montferrat.
En 1303/1304, Charles II d’Anjou lance une attaque contre l’Épire, car la régente épirienne, Anne Cantacucena, refuse de réaffirmer la vassalité de l’Épire à Naples. Un contingent achéen sous les ordres de Philippe de Savoie et de Nicolas rejoint les forces napolitaines. La force combinée assiège la capitale achéenne, Arta, mais subit des pertes sans grand gain et se retire avec l’arrivée de l’automne. Charles est déterminé à renouveler son attaque au printemps suivant, mais Anna d’Achéro parvient à saboter ses plans en soudoyant Philippe de Savoie pour qu’il reste en Achaïe. Pour justifier son refus de participer à la campagne, Nicolas informa Philippe qu’il avait convoqué un parlement à Corinthe. Lorsque Philippe partit plus tard dans l’année pour l’Italie afin de régler ses revendications sur le Piémont, Nicolas fut nommé bailli en son absence. Nicolas reste en fonction jusqu’en 1307, lorsque le nouveau prince, Philippe Ier de Tarente, nomme Guido II d’Athènes bailli à sa place.
Nicolas s’impose également comme le défenseur de la jeune sœur de la princesse Isabelle, Marguerite de Villehardouin, qui a plusieurs ennemis en raison de ses propres prétentions à la Principauté. À ce titre, il s’oppose en 1304 à Philippe de Savoie et aide Marguerite à obtenir de son beau-fils, Jean Ier, une partie de l’héritage de son mari, le comte de Céphalonie Richard Orsini. Selon la version aragonaise de la Chronique de Morée, Nicolas est à nouveau bailli après Gilles de la Plainche (attesté en fonction en 1311), peut-être jusqu’à la mort de ce dernier, auquel succède Nicolas le Maure.
Nicolas épousa, quelque temps après 1294, Wilhelmina Orsini, fille de Richard Orsini et veuve du grand connétable Jean Chauderon, mais le mariage resta sans enfant. La mort de Nicolas, le 30 janvier 1314, marque la fin de la lignée de Saint-Omer.