L’otium est un terme latin abstrait qui a plusieurs significations, notamment le temps libre pendant lequel une personne peut, entre autres, manger, jouer, contempler ou se reposer. Il désigne parfois, mais pas toujours, le moment où une personne a pris sa « retraite » ou s’est retirée après un service antérieur, que ce soit dans le secteur public ou privé, par opposition à la « vie publique active ». L’otium peut aussi être un moment de loisir temporaire, sporadique. Il peut avoir des implications intellectuelles, vertueuses ou immorales.
À l’origine, il s’agissait de se retirer des affaires quotidiennes (nec-otium) ou de certaines affaires pour s’engager dans des activités considérées comme artistiquement valables ou éclairantes (c’est-à-dire le débat, l’écriture ou la philosophie). Elle avait une signification particulière pour les hommes d’affaires, les diplomates, les philosophes ou les poètes.
Étymologie et origine
Dans la culture romaine antique, l’otium était un concept militaire, utilisé pour la première fois en latin. La première référence se trouve dans un chœur de soldats dans Iphigénie (vers 190 av. J.-C.) du dramaturge et poète épique romain Ennius, qui dépeint l’agitation et l’ennui pendant une accalmie dans la guerre et l’appelle otium negotiosum (temps libre pour faire ce que l’on veut) et otium otiosum (temps libre à ne rien faire). Aulus Gellius, en discutant du mot praeterpropter (« plus ou moins »), cite un fragment de cette Iphigénie, qui oppose otium et negotium à plusieurs reprises.
L’historien J. M. André conclut que le sens originel de l’otium était lié au service militaire et à l’oisiveté de l’hiver, par opposition au service (negotium) du reste de l’année. L’ancien calendrier romain divisait l’année en dix mois consacrés à la guerre et à l’agriculture, laissant les mois d’hiver de janvier et février vacants pour l’otium individuel. André démontre que la beauté de l’otium individuel est un repos. Titus Maccius Plautus, dans sa pièce Mercator, dit qu’il est temps d’économiser pendant la jeunesse pour l’otium de la retraite, afin de pouvoir en profiter plus tard, tum in otium te conloces, dum potes, ames (alors tu pourras être à l’aise, boire et faire l’amour).
Cicéron et Otium cum dignitate
Cicéron parle de lui-même, avec l’expression otium cum dignitate, ce temps consacré aux activités préférées et qui convient à un citoyen romain qui s’est retiré de la vie publique. Lorsque César l’a expulsé, il l’a contraint à une période d’inactivité, qu’il a mise à profit pour un « loisir digne » ou un « loisir utile ». Pendant cette période, il compose ses Tusculanae Disputationes, une série de livres sur la philosophie stoïcienne. Cicéron voyait clairement que son temps libre était un temps à consacrer à l’écriture. Cicéron définit l’otium comme un loisir, évitant toute participation active à la politique, et le définit également comme un état de sécurité et de paix (pax) – une sorte de « santé publique ». Il est souvent associé à la « tranquillité ». Dans son troisième livre sur les devoirs, Cicéron conseille, lorsque la vie en ville devient frustrante, d’aller à la campagne pour le plaisir. Le terme otium cum dignitate dans le Pro Sestio de Cicéron est dans le sens de la paix (pax) pour tous, sans aucune distinction : Cicéron dans Pro Sestio, XLV, 98.
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Cicéron reconnaît de nombreuses façons de dépenser les loisirs et l’otium. Dans un passage du De Oratore, il explique que Philistus a passé sa retraite à écrire l’histoire dans le cadre de son otium. Il poursuit en disant que d’autres hommes ont passé leur otium, lorsque le mauvais temps les empêchait d’accomplir leurs tâches quotidiennes, à jouer à la balle, aux tabas, aux dés ou à d’autres jeux qui leur venaient à l’esprit. D’autres, qui s’étaient « retirés » de la vie publique pour une raison ou une autre, consacraient leur otium cum seritio (loisir avec service) à la poésie, aux mathématiques, à la musique ou à l’enseignement aux enfants.
Villas de loisirs
À l’époque de la Rome impériale, la richesse ostentatoire, en particulier celle des grands propriétaires terriens, leur permettait de posséder des villas à la campagne, à l’architecture de style grec, qui deviendraient leurs « villas pour l’otium ». À cette époque, la « villa otium » était une maison de campagne dionysiaque idéaliste qui évoquait la paix, le loisir, la simplicité et la sérénité. Dans les écrits anciens, il est souvent fait mention de restaurations dans un cadre naturel (dans la clé de l’otium) de la maison rurale, en contraste avec la vie trépidante de la ville avec toutes ses affaires (negotium). La « villa avec jardin » et la « villa au bord de la mer » étaient associées à l’otium. La vie dans la villa romaine était associée à la culture grecque dans les pièces décorées de thèmes grecs qui indiquaient un « monde supérieur » de la vie.
Dans son œuvre Silvae, le poète romain Statius parle d’une « villa otium » dans laquelle il envisage de se retirer à Naples : « Elle offre une sécurité paisible, une vie oisive de plaisir, où l’on n’a pas à se préoccuper du repos et du sommeil. Pline le Jeune illustre la philosophie de l’élite romaine dans l’otium du temps, par la vie qu’il menait dans ses « villas de l’otium ». Il dictait des lettres à son secrétaire, lisait des discours grecs et latins, se promenait dans les jardins des villas, mangeait et fréquentait ses amis, méditait, faisait de l’exercice, se baignait, faisait des siestes et chassait à l’occasion.