Le palais Ali Qapu (en persan : عالیقاپو, « la haute porte ») est un palais de cinq étages situé dans le Meydan-e Shah (« place du roi ») d’Ispahan en Iran. Il a été construit au XVIIe siècle en face de la mosquée Sheikh Lutfallah.
Description de l’œuvre
Le nom du palais provient d’un passage voûté qui traverse le centre du bâtiment et sert de lien avec l’espace autrefois occupé par le palais safavide. Ce passage est flanqué de deux étages de pièces plus petites, couronnées par un portique ouvert appelé tālār. Le toit est soutenu par 18 colonnes en bois et une fontaine se trouve dans le tālār. Derrière le passage voûté et le portique s’élève un bâtiment à trois étages principaux et une porte voûtée qui mène à une place et à une salle de réception dans le tālār avec des pièces plus petites décorées de
muqarnas. L’arcade et la salle de réception centrale sont flanquées de deux rangées de pièces plus petites, créant ainsi une structure à cinq étages.
Le bâtiment compte actuellement sept étages et mesure 48 mètres de haut. Au sixième étage se trouve une « salle de musique », ornée de niches circulaires à des fins décoratives et acoustiques. Les dix-huit colonnes du talar sont ornées de miroirs et le plafond est décoré de marqueteries de bois.
Les murs du palais sont richement décorés de peintures murales de Reza Abbasi-e, peintre de la cour du Grand Shah Abbas Ier et de ses élèves, représentant principalement des fleurs et des animaux (oiseaux) et quelques figures humaines.
Les portes et les fenêtres soigneusement conçues du palais ont été presque entièrement détruites au fil du temps, à l’exception d’une fenêtre au troisième étage. Le palais a été restauré sous le règne du sultan Huseyin, le dernier souverain safavide, puis gravement endommagé sous le règne des envahisseurs afghans. Sous le règne de Nasereddin Shah Qajar (1848-1 896), les peintures ont été recouvertes de carreaux de céramique portant des inscriptions.
La disposition générale du bâtiment suggère sa fonction : le passage souterrain servait de porte d’entrée au palais safavide à l’ouest du meydan (place) en direction du chāhār bāgh (boulevard des quatre jardins), tandis que les étages supérieurs étaient utilisés pour les réceptions royales et d’autres divertissements. Chardin décrit une réception à laquelle il a assisté le 16 juillet 1672 pour un siège dans le tālār : le roi et ses invités ont assisté au jeu de polo, à des démonstrations de tir et à des combats d’animaux sauvages tout en prenant des rafraîchissements. Des courses de chevaux étaient également organisées sur la place.
Histoire du palais
L’histoire du palais est beaucoup moins claire que sa fonction.
Des restaurations récentes à Ali Qapu ont montré que le palais a été construit en plusieurs étapes. La première partie du bâtiment à être construite semble avoir été la partie centrale à cinq étages. Il est probable que cette partie n’existait pas en 1593, lorsque le Grand Shah Abbas dut monter sur le toit d’une madrasa pour observer les manœuvres de son infanterie. La construction du bâtiment carré semble avoir suivi le choix d’Ispahan comme nouvelle capitale de la dynastie safavide, ce qui a entraîné la nécessité d’un lieu de réception officiel. Il est probable que seul le bâtiment carré date du règne d’Abbas Ier. Pietro Della Valle (1586-1652), lors de son voyage en Perse en 1617, donne une description d’une salle de réception, sans mentionner le tālār, mais il décrit les nombreuses petites pièces menant à une salle plus grande et les escaliers étroits pour y accéder, ce qui correspond au plan du bâtiment carré.
Selon Honarfar, les preuves historiques et littéraires datent la construction du tālār de 1643-44, sous le règne d’Abbas II. La sous-structure contient un passage qui correspond aux magasins de marchandises situés dans la zone intérieure du meydan.
La datation du nom Ali Qapu est incertaine. Dans la liste des bâtiments construits par Shah Abbas Ier, Eskandar Beg note le dargāh-e panj tabaqe (« bâtiment à cinq étages »), sans épithète distinctif. Della Valle l’appelle le palais du roi. Chardin, qui a vécu à Ispahan en 1666-1667 et 1672-1673, dit que les gens l’appelaient Hali Kapi. Il semble possible que le terme Qapu Ali ait été utilisé après l’ajout du tālār en 1643-44.
Fresque dans l’une des salles supérieures
Plafond d’une des salles supérieures en cours de restauration.
Détail d’une niche et décorations dans la salle de musique.