Pierre Ier de Bulgarie

Pierre Ier (bulgare : Петър I ; v. 903-30 janvier 969), tsar de Bulgarie de 927 à 970. Deuxième fils de Siméon Ier, il hérite du trône à la mort de son père en 927. Au début de son règne, Pierre est confronté aux révoltes de ses frères, qu’il réprime, et subit également les raids des Magyars, qui traversent la Bulgarie en direction de l’Empire byzantin. Son règne est cependant globalement pacifique et il réalise d’importantes avancées contre les Byzantins, recevant d’eux le titre d' »empereur », obtenant la reconnaissance de l’indépendance de l’Église bulgare et épousant la petite-fille de l’empereur byzantin Romain Ier Lecapenus. En 965, une guerre éclate avec les Byzantins. Pierre est victime d’une attaque cérébrale et se retire dans un monastère, où il meurt. Pierre était profondément religieux et un bâtisseur d’église actif. Il a été canonisé peu après sa mort par l’Église orthodoxe bulgare. C’est sous son règne qu’apparaissent pour la première fois les Bogomils, membres d’une secte dualiste, puis d’une branche hérétique.

Premières années

Pierre Ier est le fils de Siméon Ier de Bulgarie et de sa seconde épouse, la sœur de Georges Sursuvul. Pierre est né au début du Xe siècle, mais il semble que son oncle maternel ait été très influent au début de son règne. En 913, Pierre aurait visité le palais impérial de Constantinople en compagnie de son frère aîné Michel. Pour des raisons non précisées, Siméon avait forcé Michel à devenir moine et désigné Pierre comme son successeur.
Afin de prouver qu’il est le digne successeur de son père dans son pays et aux yeux des gouvernements étrangers, Pierre commence son règne par une offensive militaire en Thrace byzantine en 927. Cependant, Pierre suit son succès rapide en secret en négociant un traité de paix avant que le gouvernement byzantin n’ait eu l’occasion de riposter. L’empereur byzantin Romain Ier Lacapenus accepte avec enthousiasme la proposition de paix et organise un mariage diplomatique entre sa petite-fille Marie et le monarque bulgare. En octobre 927, Pierre arriva près de Constantinople pour rencontrer Romain et signer le traité de paix. Il épousa Marie le 8 novembre dans l’église de Zoödochos Pege. Pour signifier la nouvelle ère dans les relations bulgaro-byzantines, la princesse est rebaptisée Irène (« paix »). Le traité de 927 représente en effet le fruit des succès militaires et des initiatives diplomatiques de Siméon, poursuivis par le gouvernement de son fils. La paix est obtenue avec le rétablissement des frontières définies dans les traités de 897 et 904, les Byzantins reconnaissent au monarque bulgare le titre d’empereur (basileus, tsar) et le statut autocéphale du patriarcat bulgare, le paiement d’un tribut annuel à la Bulgarie par l’Empire byzantin est renouvelé.

Révoltes et raids

Les premiers succès du règne de Pierre sont suivis de quelques revers mineurs. Vers 930, Pierre doit faire face à une révolte menée par son frère cadet Ivan, qui est vaincu et envoyé en exil à Byzance. Peu après, le frère aîné de Pierre, Michel, s’échappe de son monastère et prend la tête d’une formidable rébellion qui se termine par sa mort prématurée. Le frère cadet, Benjamin (également appelé Bojan), fut accusé d’être un loup-garou et un magicien par l’évêque italien Liutprando de Crémone, mais ne constitua apparemment pas une menace pour l’autorité de Pierre.
Profitant peut-être de ces contestations du pouvoir de Pierre, le prince serbe Časlav Klonimirović s’est échappé de la capitale bulgare de Preslav en 931 et, avec le soutien tacite de Byzance, a réussi à rallier une révolte serbe contre le pouvoir bulgare. La révolte fut couronnée de succès et la partie occidentale de la Serbie retrouva son indépendance. Pierre a peut-être également dû faire face à des incursions des Magyars, qui avaient été vaincus et expulsés en Pannonie par son père en 896. Après une première défaite, Pierre a peut-être conclu un accord avec l’ennemi, et a désormais utilisé les groupes magyars comme alliés contre la Serbie. Plusieurs clans et chefs magyars semblent avoir commencé à s’installer dans ce qui était encore le territoire bulgare au nord du Danube, où ils sont peut-être devenus des fédérés bulgares jouissant d’une indépendance vis-à-vis de la dynastie d’Árpád. Cet accord a ouvert la voie à la perte de la région au profit des Magyars, même si cela s’est produit plus d’un demi-siècle après la mort de Pierre. Pierre aurait permis à ces groupes de passer en Bulgarie et de faire des incursions dans les territoires byzantins de Thrace et de Macédoine, peut-être en réaction au soutien malhonnête apporté par les Byzantins à la rébellion serbe.

Gouvernement de l’intérieur

Pierre Ier a présidé à un règne paisible et relativement long, bien que peu éclairé par les sources étrangères ou autochtones. Malgré les difficultés rencontrées peu après son ascension et la situation critique à la fin de sa vie, sous Pierre, la Bulgarie semble avoir été prospère et de mieux en mieux organisée, avec une équipe administrative remarquée par les voyageurs étrangers et confirmée par de nombreuses découvertes de sceaux impériaux. Pierre est particulièrement généreux envers l’Église, qu’il dote abondamment tout au long de son règne. La générosité de l’empereur est telle qu’il est perçu comme un facteur de corruption, même par des clercs orthodoxes comme le presbytre Cosmas. D’autres ont choisi une voie éloignée des tentations du monde séculier, notamment saint Ivan de Rila, mais son existence ascétique a tout de même attiré l’attention du monarque. Le luxe et les tensions sociales ont peut-être contribué à la propagation de l’hérésie du bogomilisme, que Pierre a dûment entrepris de combattre, en demandant conseil à des ermites célèbres et même à son beau-oncle, le patriarche de Constantinople Théophylacte.

Conflit avec Byzance et Kiev

Les relations avec l’Empire byzantin s’aggravent après la mort de l’épouse de Pierre au milieu des années 960. Après la victoire sur les Arabes, l’empereur Nicéphore II Phocas refuse de payer le tribut annuel à la Bulgarie en 966, se plaignant de l’alliance de la Bulgarie avec les Magyars, et organise une démonstration de force à la frontière bulgare. Découragé d’attaquer directement la Bulgarie, Nicéphore II envoie un messager au grand-prince de Kiev, Sviatoslav Igorevich, pour qu’il organise une attaque kiévienne contre la Bulgarie par le nord. Sviatoslav lance facilement une campagne avec une force importante (60 000 soldats), marche contre les Bulgares sur le Danube et les bat lors d’une bataille près de Silistra, s’emparant de quelque 80 forteresses bulgares en 968. Impressionné par le succès de son allié et soupçonnant ses intentions royales, l’empereur Nicéphore II s’empresse de faire la paix avec la Bulgarie et organise le mariage de ses protégés, les empereurs mineurs Basile II et Constantin VIII, avec deux princesses bulgares. Deux des fils de Pierre sont envoyés à Constantinople en tant que négociateurs et otages honorés. Entre-temps, Pierre réussit à obtenir le retrait des forces kiéviennes en incitant les alliés traditionnels de la Bulgarie, les Petchenègues, à attaquer la Rus de Kiev elle-même.

Malgré ce succès temporaire et la réconciliation avec Byzance, la Bulgarie doit faire face à une nouvelle invasion de Sviatoslav en 969. Les Bulgares sont à nouveau vaincus et Pierre est victime d’une attaque cérébrale qui le conduit à abdiquer et à se faire moine. Il meurt le 30 janvier 970.

Mariage

Par son mariage avec Maria Lecapena (aussi appelée Irène), Pierre Ier a eu plusieurs enfants, dont :

Bibliographie

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