Rébellion des mercenaires de Carthage

La rébellion des mercenaires de Carthage est un soulèvement de 242 avant J.-C. contre l’État punique par ses mercenaires, au motif qu’ils n’avaient pas reçu leur salaire, ce qui a été à l’origine du début de la guerre des mercenaires.

Contexte

Après la signature du traité mettant fin à la première guerre punique, les troupes carthaginoises de Sicile se rassemblent dans la ville de Lillibea, gouvernée par Giscón. Hamilcar Barca arrive dans la ville en provenance d’Erice, à la tête de son armée de mercenaires, et confie au gouverneur la tâche de rapatrier les troupes en Afrique du Nord. Giscón les divise prudemment en petits détachements qui voyagent par étapes. De cette manière, les mercenaires arriveraient par petits groupes, recevraient la solde qui leur est due et rentreraient chez eux sans causer de troubles.

Mais le Conseil des Cent ne soutint pas les plans du général et attendit que toute la troupe ait débarqué en Afrique, la logeant d’abord à Carthage puis dans la ville de Sicca Veneria (aujourd’hui al-Kāf), l’idée étant d’éloigner les mercenaires au cas où ils tenteraient de s’emparer de leurs honoraires par la force. Là, Hannon vint les informer que les caisses de Carthage étaient épuisées après la guerre et l’indemnité qui leur avait été imposée avec le traité de paix avec Rome, et leur demanda de renoncer à une partie de leur solde.

La rébellion

Les mercenaires, loin d’accepter qu’en plus de ne pas être payés, on leur demande de renoncer à une partie de ce qui leur est dû, s’insurgent contre Hannon et les aristocrates de Carthage et, après quelques jours, partent en masse pour la capitale. Ils campent à l’autre bout de la péninsule, dans la ville de Tunis, au nombre de vingt mille.

L’ampleur de l’agitation et le danger qui plane sur la ville amènent Carthage à accepter finalement de payer l’intégralité des dettes. Ne pouvant envoyer Hamilcar Barca, occupé par des affaires loin de Carthage, le Grand Conseil envoya Giscón, apprécié des soldats et qui avait combattu avec eux en Sicile, avec l’argent et les biens réclamés par les mercenaires.

Mais cette concession arrive trop tard. Deux mercenaires, le Libyen Maton et le Campanien Spendios, s’élèvent au-dessus des autres, poussés par des intérêts privés. Imposant leur volonté, les rebelles capturent Giscón et s’emparent des trésors qu’il transporte (240 av. J.-C.).

Nommés généraux, Maton et Spendios envoient des lettres aux cités tributaires de Carthage pour les inciter à se libérer du joug punique et à se joindre à eux dans le conflit. Souffrant du lourd tribut qui leur incombe après la guerre désastreuse contre Rome, elles accèdent volontiers aux demandes des mercenaires, transformant la mutinerie initiale en un soulèvement national. Seules deux villes restent fidèles : Hippone Dyarrhytus et Utique.

Conséquences

Soutenus par une armée de 70 000 Africains et de 20 000 mercenaires, les généraux rebelles déclarent officiellement la guerre à Carthage. La situation de Carthage est désespérée : elle sort d’une autre guerre, manque d’armes, n’a pas de flotte de guerre, de fournitures navales, de réserves alimentaires ou d’espoir de secours extérieur.

Ces événements allaient déboucher sur une guerre d’une extraordinaire cruauté, que l’on appellerait désormais la guerre des mercenaires ou la guerre des infatigables.

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