Un genre de peinture consistant en des scènes représentant des singes, généralement dans des poses humaines, est connu sous le nom de singerie (français pour « art du singe »).
Histoire
L’origine de ce type de représentation vient de la ressemblance entre l’homme et le singe, c’est pourquoi il a été utilisé dans l’art pour son aspect symbolique ou satirique. En général, sa représentation a plutôt servi de motif de dérision, identifiant la figure du singe aux instincts les plus bas et les plus primaires de l’homme. Ainsi, depuis l’art gréco-romain classique et le début de l’ère chrétienne, le singe est associé à des valeurs négatives telles que l’égoïsme, la gloutonnerie et la lascivité, et a même été identifié à des démons et à des incarnations du mal. Cependant, dans l’Égypte ancienne, il était représenté comme un dieu, une identification que l’on retrouve également dans le bouddhisme et l’hindouisme.
À la Renaissance, son utilisation était plus symbolique, en tant qu’allégorie des sens, généralement du goût ou de l’odorat, comme par exemple dans la tapisserie de La Dame et la Licorne. À l’époque baroque, il est utilisé comme motif de dérision ou de plaisanterie (Trois musiciens, par Velázquez, 1617-1618), mais surtout comme procédé comique, dans des scènes où les singes prennent des attitudes humaines. C’est en ce sens que ce type d’œuvre est à la mode entre le XVIIe et le XVIIIe siècle, avec des artistes comme Abraham Teniers (Singes jouant aux cartes, milieu du XVIIe siècle), David Teniers le Jeune (Singes à l’école, 1660) et Jean-Antoine Watteau (Le singe sculpteur, 1710).
Il s’agit d’un sujet largement utilisé dans l’art flamand, où il a été introduit en 1575 par Pieter van der Borcht dans une série de gravures influencées par Bruegel. Depuis lors, il a été représenté par des artistes tels que Frans Francken le Jeune, Jan Brueghel l’Ancien et le Jeune, Sebastian Vrancx, Jan van Kessel l’Ancien et les frères Teniers, David et Abraham.
Francisco de Goya a également réalisé un « monopainter » dans No More, No Less, son Caprice n° 41.
Il revient à la mode au XIXe siècle, avec des artistes tels que Zacharie Noterman, Emmanuel Noterman, Edwin Henry Landseer, Edmund Bristow, Alexandre-Gabriel Decamps, Charles Monginot et Paul Friedrich Meyerheim.
Le motif de la singerie s’étend aux arts décoratifs : on le retrouve par exemple dans la porcelaine de Meissen, dans l’ébénisterie d’André Charles Boulle et dans les décors de palais comme celui d’Aranjuez. Parmi les meilleurs artistes à avoir utilisé ce motif dans les arts décoratifs, citons Jean Bérain, architecte et décorateur, l’un des fondateurs du style Louis XIV, qui a conçu des meubles, des plafonds, des cheminées, des boiseries et d’autres objets, et Christophe Huet, peintre, graveur et dessinateur de style rococo, auteur de singeries dans des décors muraux – comme au château de Chantilly – et dans une série de gravures utilisées pour la marqueterie et la décoration de la porcelaine.
Galerie
Barbier avec singes et chats (1633-1667), par Abraham Teniers, Musée de l’histoire de l’art, Vienne
Singes à l’école (1660), par David Teniers le Jeune, Musée du Prado, Madrid
Le festin des singes (1686), par Nicolaes van Verendael, Galerie des peintures des maîtres anciens, Dresde
Le singe sculpteur (1710), par Jean-Antoine Watteau, Musée des Beaux-Arts d’Orléans
Ni plus ni moins (1799), Capricho numéro 41, de Francisco de Goya
Le singe qui avait vu le monde (1827), par Edwin Henry Landseer
Le singe peintre (1833), par Alexandre-Gabriel Decamps, Musée du Louvre, Paris
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