Tomás Añorbe y Corregel (Madrid, 1686 – idem, 1741) était un prêtre, dramaturge et poète espagnol.
Aumônier du couvent royal de l’Incarnation, il consacra sa vie à des missions caritatives, activité qu’il associa à la culture de la poésie (Amarguras de la muerte y pensamientos cristianos, 1731) et, surtout, du théâtre, domaine dans lequel il fut un maillon fondamental du théâtre du baroque tardif, sous lequel il est placé aux côtés de dramaturges tels que José de Cañizares et Antonio de Zamora. Dans le théâtre populaire de la fin du XVIIe siècle et du début du XVIIIe siècle, il aborde les genres les plus prisés par le public de l’époque : la comédie des saints, ou plus précisément des saints pécheurs, avec Princesa, ramera y mártir, Santa Afra (1735), une pièce qui, comme d’autres de Vicente Camacho (Ramera de Fenicia y feliz samaritana, Santa Eudoxia (1740) et Andrés Antonio Sánchez de Villamayor (La mujer fuerte, asombro de los desiertos, pénitente et admirable Santa María Egipcíaca, 1728), s’intéressent davantage au spectaculaire et, par conséquent, à la déformation consciente des récits pieux qu’aux questions de dévotion, ce qui provoque la censure des moralistes, dont Gaspar Díaz dans sa célèbre Consulta Teológica (Consultation théologique).
Dans le domaine de la zarzuela mythologique, genre spectaculaire par excellence où les différents esprits du XVIIIe siècle utilisent librement les références classiques au service de la comédie, Añorbe y Corregel a fait mouche avec Júpiter y Dánae, une pièce où le mythe classique est pimenté de nombreux anachronismes et de personnages qui lui sont étrangers, comme l’amusant Mamurrias. Mais son œuvre la plus connue est sans aucun doute la tragédie El Paulino (1740), une imitation du Cinna de Pierre Corneille, même si la page de titre indique pompeusement « tragedia nueva a la moda francesa, con todo el rigor del arte » (tragédie nouvelle à la mode française, avec toute la rigueur de l’art). Moratín, dans La derrota de los pedantes, qualifie cette œuvre de « misérable » et place son auteur parmi les mauvais poètes qui affrontent les bons, disciples d’Apollon.
La production dramatique d’Añorbe est complétée par quelques pièces courtes, comme Entremés del Mudo, 1734, ou Sainete segundo, ou El asunto de echar damas y galanes (1734) et un bon nombre de comédies (Los amantes de Salerno, 1739 ; Nulidades del amor, 1734, et La Segismunda, 1739), entre autres.