Le trône royal d’Aix-la-Chapelle, également connu sous le nom de trône de Charlemagne, est un trône commandé par l’empereur Charlemagne dans les années 790 et qui faisait partie du mobilier de la chapelle palatine de son palais d’Aix-la-Chapelle, qui occupe le centre de l’actuelle cathédrale d’Aix-la-Chapelle, où il est exposé depuis sa création.
Elle a servi de siège au couronnement de plus de 30 rois romano-germaniques : celui de Louis le Pieux en tant que vice-empereur en 813, celui d’Otton le Grand en tant que roi romano-germanique en 936 et celui de Ferdinand Ier en 1531, entre autres. Ainsi, dès le XIe siècle, le trône royal d’Aix-la-Chapelle était désigné comme le totius regni archisolium, le siège de l’empire tout entier.
Charlemagne lui-même n’a pas été couronné roi à Aix-la-Chapelle, mais en 768 à Noyon et en 800 à Rome en tant qu’empereur (Auguste). Il est cependant très probable qu’il ait assisté aux messes célébrées dans la chapelle palatine sur ce trône.
Conception
Le trône du roi est d’une grande sobriété et d’une grande simplicité, sans aucun ornement. Six marches mènent au siège, qui repose sur un socle. Le siège lui-même est constitué de quatre plaques de marbre de Paros fixées par des attaches en bronze qui, selon des recherches récentes, ont été prélevées dans l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem vers 800 après J.-C., tout comme les marches. Une autre interprétation (non prouvée) fait référence aux marches du palais de Pilate, que Jésus a gravies après avoir été flagellé. Sur l’un des deux panneaux latéraux, on peut voir de fines lignes incisées, qui ont probablement servi de plateau pour l’ancien jeu du moulin. Le panneau arrière présente même une représentation précoce de la scène de la crucifixion. Le traitement de surface et les gravures de personnages païens et chrétiens de différentes époques permettent de conclure que les dalles ont été assemblées au moins une troisième fois.
La construction intérieure en bois, qui se trouve aujourd’hui au musée de Bonn, servait de support à la dalle de marbre, aujourd’hui perdue. En dessous se trouvait un compartiment dans lequel, comme l’ont montré des recherches récentes, étaient conservées les reliques du couronnement ou des parties de celui-ci, mais surtout le sac de saint Étienne. La datation au radiocarbone a révélé que la dalle de chêne peut être datée de l’époque carolingienne, vers l’an 800.
Le trône est soutenu par quatre piliers de pierre. Les visiteurs de l’église Sainte-Marie pouvaient ainsi se glisser sous le trône, ce qui représentait d’une part une attitude d’humilité à l’égard du souverain nouvellement consacré et d’autre part une vénération des reliques, le Christ étant associé aux plaques de marbre qui le composent (voir Symbolisme). Les surfaces intérieures polies des quatre piliers de soutien témoignent du fait que d’innombrables visiteurs ont dû traverser cette allée au cours des siècles.
À l’arrière du trône se trouve l’autel de Nicase, assemblé à partir de pièces d’un autel carolingien et consacré en 1305.
Le siège du trône a survécu à toutes les modifications et destructions de la chapelle au cours des siècles. Cependant, dans le cadre des mesures prises par le chapitre de la cathédrale pour protéger le précieux mobilier et le trésor de la cathédrale des dommages causés par les bombes et l’eau d’extinction pendant la Seconde Guerre mondiale, il a été recouvert de carton goudronné, puis rempli de sable et recouvert. Le papier goudronné a provoqué la décoloration jaune sale visible aujourd’hui, qui n’a pas été enlevée afin de préserver les anciens graffitis.
Dans le couloir situé sous le trône et dans les environs immédiats, on trouve des pièces originales de pavage carolingien. Les pierres précieuses sélectionnées à cet effet proviennent de vestiges anciens et ont été posées selon le modèle de bâtiments italiens représentatifs. En particulier, le sol original est composé de marbre blanc, de vieux porphyre vert épinard et de porphyre rouge d’Égypte. Le matériau pourrait provenir du palais de Théodoric le Grand à Ravenne, où des sols très similaires ont été retrouvés.
CÔTÉ AVANT
côté droit
Côté gauche
dos
Symbolisme
Le trône, dont les références en font un document exceptionnel de la Renaissance carolingienne, est situé dans la nef ouest de la galerie supérieure, dite Hochmünster, de l’octogone carolingien.
L’emplacement du trône s’inscrit dans un contexte architectural proche de celui de la chapelle palatine, dont les proportions, exprimées en chiffres, sont censées représenter une image symbolique de la Jérusalem céleste. Le siège du souverain, probablement inspiré du trône biblique de Salomon, occupait la place la plus élevée, notamment en raison de sa disposition dans une galerie, qui plaçait le souverain dans une sphère à part. Ce pouvoir symbolique incontestable représente la revendication de la domination séculaire et spirituelle sur l’empire et la fonction de médiation entre le ciel et la terre. Le nombre de marches peut avoir une importance symbolique, puisque, selon I Rois 10:19, le trône de Salomon avait également six marches et était situé dans une pièce en face du temple avec son sanctuaire cubique (I Rois 7:6). Une référence consciente au modèle salomonien correspondrait à la prétention inconditionnelle et universelle de Charlemagne à régner, à son sens de la mission en tant que souverain d’un empire mondial chrétien sur un nouveau peuple choisi par Dieu, et donc à son rôle de nouveau Salomon. Cette interprétation est renforcée par l’admiration documentée de Charlemagne pour le père et prédécesseur tout aussi glorieux de Salomon, le roi David, dont Charlemagne s’est toujours efforcé d’égaler le rôle de souverain de Dieu sur terre.
Ce message est souligné par l’utilisation de marbre de Terre Sainte qui, comme les spolia de l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem, renvoie au Christ et donc à l’idée du droit divin des rois.
Selon la conception médiévale, les plaques de marbre devenaient des reliques associées à Jésus en étant touchées par le Christ. L’épaisseur irrégulière des dalles et la structure inesthétique de la surface ont probablement été acceptées par respect pour ce principe. Le trône impérial est situé dans la partie occidentale de la chapelle orientale. Le regard du souverain intronisé est donc dirigé vers l’est, dans l’attente du jour du Jugement qui se lèvera à partir de ce point cardinal et mettra fin à toute domination terrestre (latin : Ad orientem solem, vers le soleil levant).
Les quatre piliers sur un socle de pierre et les quatre plateaux formant le trône représentent la terre gouvernée par le maître du monde avec ses quatre éléments de la nature, le feu, l’eau, l’air et la terre, les quatre saisons et les quatre points cardinaux, selon les idées anciennes. On peut également y voir une référence aux quatre fleuves du paradis, qui apportent la fertilité à la terre.
Il est très probable que dans la pièce située derrière le trône de Charles se trouvait un autel dédié à saint Michel. Ainsi, lorsque le roi couronné prenait place dans le fauteuil royal, il pouvait compter sur l’archange pour littéralement « renforcer son dos ».
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