Vergonha

La vergonha, (« honte » en anglais), parfois appelée Vergonhament, dans le sens de honte, mais aussi d’humiliation, est ce que les Occitans appellent les pratiques – et par extension les effets – que diverses politiques gouvernementales ont eu sur les enfants et le reste des citoyens occitanophones de France en ce qui concerne ce que l’on appelait le patou, dans une allusion péjorative générale aux langues non officielles de l’État. La vergonha a été et est toujours pratiquée dans l’intention de faire passer le français avant la langue minoritaire. Pour ce faire, l’exclusion est encouragée à l’école, par l’absence de médias dans la langue minoritaire.

Histoire

À la fin du XVIIIe siècle, période connue sous le nom de règne de la Terreur, le terme patois désigne toute langue autre que le français parlée en France. L’Encyclopédie française, publiée en 1778, définit le patois comme la langue de toute la France à l’exception de Paris, la capitale étant le seul endroit où l’on parle français. Le processus intentionnel d’éradication des langues vernaculaires de la France moderne et leur dénigrement en tant que dialecte exclusivement oral a commencé avec le manifeste de l’abbé Grégoire. Il fait état de la nécessité et des moyens d’anéantir le patou et d’universaliser l’usage du français qu’il présente le 4 juin 1794 à l’Assemblée nationale et qui est suivi par l’interdiction officielle de toutes les langues autres que le français dans l’administration et dans les écoles, afin d’unifier linguistiquement la France post-révolutionnaire, à une époque où seulement 10 % de la population parle couramment le français, soit environ trois millions de personnes sur un total de vingt-huit.
Quant au choix du terme péjoratif « patois », Jean Jaurès l’a évoqué en disant que « la langue d’une nation vaincue s’appelle patois ». Selon le dictionnaire Chambers, l’origine du terme est incertaine, mais il pourrait s’agir d’une « corruption de Patros, du latin vulgaire patriensis, habitant local ou villageois ». Le mot peut signifier discours ou dialecte, dans le sens où il n’a pas le statut de langue. Au singulier, il désigne toutes les langues, leurs dialectes, leurs langues de transition et tous les parlers autres que le français officiel, sans faire de distinction entre eux.

Afin d’effacer toute trace d’identité autre que française, la langue occitane est non seulement découragée, mais activement supprimée, en commençant par les écoles et en incluant tout ce que l’administration peut toucher. Jules Ferry a mis en place dans les années 1880 une série de mesures strictes pour affaiblir les langues autres que le français en France dans les écoles de Toulouse ou le breton en Bretagne.
En 1958, après que certains eurent mis en doute la constitutionnalité de la situation des langues minoritaires en France, l’article II de la Constitution française a été révisé pour conclure que la langue de la République est le français. En 1972, le président français Georges Pompidou a déclaré que « les langues régionales n’ont pas leur place en France ». Mais en 1992, le Conseil de l’Europe a adopté la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, que Jacques Chirac a ignorée malgré la requête de Lionel Jospin devant le Conseil constitutionnel français pour amender l’article II afin d’inclure toutes les langues vernaculaires sur le territoire français. Cette charte, dont la signature est obligatoire pour les Etats membres de l’Union européenne, n’a pas été ratifiée par la France, ce qui signifie qu’elle n’a aucune obligation pratique de la suivre. Une fois de plus, la reconnaissance officielle des autres langues de France a donc été refusée.

L’ancien président de la République française, Nicolas Sarkozy, sur le site de son parti, l’UMP, nie toute insulte à l’occitan ou à d’autres langues, mais affirme toujours « ne pas être favorable » à la Charte européenne des langues régionales, et notamment qu’aucune autre langue ne doit être considérée comme une langue de France.

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