L' »Athrabeth Finrod ah Andreth » (traduit de l’elfique par « conversation » ou « débat entre Finrod et Andreth ») est une nouvelle de l’écrivain britannique J. R. R. Tolkien, liée à son legendarium. Elle raconte le dialogue entre Finrod Felagund, Elfe-roi de Nargothrond, et Andreth, fille de Boromir de la Maison de Bëor, une femme sage de la race des Hommes, en Beleriand en l’an 409 du Premier Âge du Soleil.
C’est peut-être l’histoire de Tolkien qui reflète le mieux ses profondes convictions catholiques. Andreth affirme qu’Eru (qui, dans ce contexte, est le nom elfique du Dieu chrétien) a créé les hommes comme des êtres parfaits destinés à l’immortalité, mais que, séduits par Morgoth (le Malin, c’est-à-dire Satan), ils ont été privés de ce destin. Finrod est sceptique et affirme gentiment qu’il n’est pas possible pour Morgoth de modifier la nature originelle avec laquelle Eru Ilúvatar a conçu les hommes, qui confondent la mort avec la peur. Il souligne également le manque d’espoir de la race humaine quant à ce qui l’attend après la mort et sa souffrance face à la courte vie qui lui a été attribuée. C’est précisément cette contradiction apparente dans la double nature humaine (âme immortelle et corps mortel) qui motive les plaintes amères et les interrogations d’Andreth tout au long du débat avec Finrod, concernant la mort, son amour pour Aegnor, le frère de Finrod, et le sort de l’humanité. Dans le contexte de la pensée catholique de l’auteur, il est clair que le dilemme posé ne peut être résolu que par la glorification du corps qui, selon la doctrine catholique, est la destinée ultime des êtres humains, Jésus-Christ ayant été le premier à avoir atteint cet état, qui sera celui de l’humanité rachetée après le Jugement dernier.
Tout au long de la conversation, on entrevoit le rôle qui est réservé aux hommes dans une future rédemption de la Création, conduisant à une nouvelle Arda (Terre) libérée du mal (concept chrétien des Nouveaux Cieux et de la Nouvelle Terre). Enfin, l’incarnation future de Dieu dans le monde est présentée comme le seul remède au mal causé par Morgoth ; Andreth appelle cet événement, qu’il considère comme presque impossible, le Vieil Espoir et mentionne qu’il s’agit de l’une des rares traditions que les humains conservent de leur origine obscure. Tolkien reprend ici le mythe chrétien d’une promesse de rédemption donnée par Dieu lui-même après l’expulsion d’Adam et Eve du Paradis. Finrod, sans se prononcer sur une telle tradition, invite son interlocuteur à considérer l’Espérance (Estel en elfique) non pas comme un acte fondé sur l’expérience, mais comme un acte de pure confiance.