Langue kabyle

Afro-asiatique
Berbère
Berbère du Nord

Le kabyle ou taqbaylit est une langue berbère (de la macro-famille afro-asiatique), parlée dans la région de Kabylie, au nord de l’Algérie.

Aspects historiques, sociaux et culturels

C’est la deuxième langue la plus parlée, avec environ 8 millions de personnes qui la pratiquent régulièrement, après le tachelhit (chleuh), parlé dans le sud du Maroc par 8 à 10 millions de personnes. Environ 5 millions de locuteurs vivent en Algérie et le reste fait partie de la population migrante qui vit ou travaille en France et dans d’autres pays européens.

Le kabyle (Taqbaylit) est, avec le chenoui et le chaoui, l’une des trois langues d’origine berbère utilisées en Algérie.

Une réforme constitutionnelle adoptée le 10 avril 2002 a reconnu le tamazight (berbère) comme langue nationale de l’Algérie.

Amar Saïd Boulifa (1861-1931) a été le précurseur de la linguistique kabyle, compilateur et transcripteur de la littérature orale de la langue. Au XIXe siècle, Adolphe Hanoteau a recueilli la poésie populaire et Auguste Mouliéras les légendes.

Dans la littérature des XIXe et XXe siècles, le poète Si Mohand s’est distingué par ses poèmes en kabylie. L’écrivain et linguiste Mouloud Mammeri a publié en 1976 la première grammaire kabyle écrite en kabyle, Tajerrumt n tmazigt (Tantala taqbaylit), et en 1980 Poèmes kabyles anciens en français et en kabyle.
Les romans Tafrara (Aurore, 1995) et Ighil d wefru (La violence et le couteau, 2002) de Salem Zenia sont bien connus. De nombreux autres romans kabyles ont été publiés, tels que Asfel (Le sacrifice) de Rachid Aliche (1981), Akal (La terre) de Meziane Boulariah (1996) et Bururu (La chouette) de Tahar Ould-Amar (2006).

Le cinéma kabyle est apparu à partir de la fin des années 1970, avec des réalisateurs tels que M. Bouguermouh, Azzedine Meddour, Belkacem Hadjadj, Rachid Ben Allel et Yazid Khodja.

Les chanteurs célèbres en Kabylie sont actuellement Matoub Lounès, Lounis Aït Menguellet et le musicien Idir.

Description linguistique

L’inventaire vocalique est donné par :

L’inventaire consonantique est :



Comme les autres langues afro-asiatiques, le kabyle n’a que deux genres, masculin et féminin. Comme dans la plupart des langues berbères, les noms et adjectifs masculins commencent généralement par une voyelle (a, i, u), tandis que les noms féminins commencent par la consonne t- et se terminent généralement par un -t (il y a quelques exceptions). La plupart des noms féminins sont en fait des versions féminisées de noms masculins.

Exemples :

Les noms singuliers commencent généralement par un a- et n’ont pas de suffixe. Les pluriels commencent généralement par un i- et ont souvent un suffixe, comme -en. Il existe trois types de pluriel : externe, interne et mixte :
Comme dans toutes les langues berbères, il existe en kabyle deux types d’états ou de cas du nom : l’un est non marqué, tandis que l’autre sert ergativement de sujet d’un verbe transitif ou d’objet d’une préposition, entre autres contextes. Le premier est souvent appelé « état libre » et le second « état de construction » (ou adjuvant), qui est dérivé de l’état libre selon l’une des règles suivantes :

La première implique l’alternance des voyelles, de sorte que le a initial devient u :



La seconde implique la perte de la première voyelle dans certains noms féminins (e ne se comporte pas comme une vraie voyelle et ne fait que faciliter la lecture) :

La troisième implique l’ajout d’une semi-voyelle (w ou y), en début de mot :

Enfin, certains noms restent inchangés d’un état à l’autre :

Selon le rôle du nom dans la phrase, il acquiert l’état libre ou l’état attaché :

Après une préposition (sauf ar et s), tous les noms acquièrent l’état attaché :



Trois temps sont couramment utilisés : le prétérit (passé), l’aoriste intensif (présent parfait, présent continu, passé continu) et le futur (Ad+Aoriste). Contrairement aux autres langues berbères, l’aoriste est rarement utilisé en Kabylie.

La conjugaison des verbes en kabyle se fait par l’ajout d’affixes (préfixes, suffixes ou les deux) et le changement de voyelles (inflexion interne). Les suffixes indiquant la personne et le nombre sont identiques et statiques pour tous les temps, tandis que les préfixes et les changements de voyelles varient en fonction du temps et de l’humeur :
Le kabyle est une langue satellite, car ses verbes utilisent deux particules pour indiquer la direction du mouvement :

Exemples :

Il exprime généralement la négation en deux parties, avec la particule grammaticale ur ajoutée au verbe et avec une ou plusieurs particules ou mots négatifs [qui modifient le verbe ou son argumentation. Par exemple, la négation verbale simple est exprimée par  » ur  » devant le verbe et la particule  » ara  » après le verbe :



D’autres mots négatifs (comme acemma) sont utilisés en combinaison avec ur pour exprimer des types de négation plus complexes.

La dérivation verbale se fait par l’ajout de préfixes. Il existe trois types de dérivation : causative, réflexive et passive.

Il est intéressant de noter que deux préfixes peuvent s’annuler l’un l’autre :

Chaque verbe a un nom d’agent correspondant, qui est obtenu en préfixant le verbe par  » am- « , ou par  » an-  » si la première lettre est b / f / f / m / w (il y a des exceptions).

A chaque verbe correspond un nom d’action :



Il existe 6 structures régulières pour la formation des noms d’action et une septième est utilisée pour les verbes de qualité : (c pour consonne, v pour voyelle).

La particule d est un outil indispensable pour parler kabyle. Elle équivaut à la fois à « c’est + adjectif » et à « être + adjectif », mais ne peut être remplacée par le verbe ili (être). Il est toujours suivi d’un nom à l’état libre.

Exemples :
La perticula prédicative d ne doit pas être confondue avec la particule de coordination d, qui est suivie d’un nom à l’état attaché.



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