La partida (chanson de Fermín María Álvarez)

Le texte se compose de quatre strophes. Les trois premières sont composées de cinq vers, la dernière de huit vers. Cette différence, ainsi que d’autres que nous verrons plus loin, est significative du changement de ton et de sujet.

La première strophe est composée de cinq lignes hexasyllabiques.

Les deuxième et troisième strophes comportent également cinq vers ; dans ce cas, les premier, deuxième, troisième et cinquième vers sont décasyllabiques (v. 6, 7, 8, 10 dans la deuxième strophe et 11, 12, 13 et 15 dans la troisième), tandis que le quatrième est pentasyllabique (v. 9 dans la deuxième strophe et 14 dans la troisième).

La dernière strophe alterne régulièrement des vers heptasyllabiques et pentasyllabiques.

Outre ces détails, il est intéressant de voir la composition des accents. Non seulement tous les vers sont paroxytiques (si l’on tient compte du fait qu’une syllabe supplémentaire est ajoutée aux mots aigus en fin de vers), mais il y a une alternance régulière entre vers aigus et vers simples dans les trois premières strophes. Cette alternance est rompue dans la dernière strophe, dont les cinq premiers vers sont simples, et les trois derniers alternent à nouveau entre aigu, simple, aigu.

Nous pouvons interpréter ces changements d’accentuation comme un moyen expressif, étant donné le changement de tonalité déjà mentionné dans la quatrième strophe. Nous verrons que la vision d’espoir des cinq premiers vers de la quatrième strophe (v. 16-20) est contrecarrée par la mélancolie des trois derniers vers (v. 21-23), où l’on revient au thème de l’exil et de la mort.
Une autre question intéressante concernant l’accentuation se pose dans la première strophe, où les trois premiers vers maintiennent un parallélisme à la fois syntaxique et accentuel : le dispositif poétique de l’énumération est soutenu par la litanie des accents, qui marquent la première et l’avant-dernière syllabe. Lorsque ce parallélisme syntaxique est perdu, le parallélisme accentuel l’est aussi.

Nous pouvons également noter que les lignes décasyllabiques de la deuxième et de la troisième strophe présentent un schéma d’accentuation similaire : sur les troisième, sixième et neuvième syllabes. Ce schéma rappelle l’accentuation de l’hendécasyllabe dite mélancolique, avec un accent sur les troisième, sixième et dixième (avant-dernière) syllabes.

La quatrième strophe accélère le rythme général du poème avec son alternance de mètres asymétriques et son accentuation irrégulière. Ce contraste, ainsi que ceux mentionnés ci-dessus, accentue également le changement de ton et de sujet de la strophe par rapport au corps du poème. Cependant, le changement est à nouveau brutal avec l’irruption de l’exclamation dans le vers aigu, lorsque le thème de la mort est repris.

Texte musical

La pièce est écrite dans la tonalité de sol mineur.
La première strophe est constituée de deux matériaux mélodico-thématiques distincts. Le premier s’applique aux lignes des vers 1, 2 et 3. Toutes ces lignes de vers ont le même début mélodique, et ne sont modifiées que dans les cadences. Le début de la mélodie est composé de deux éléments : une gamme diatonique ascendante qui va de la fondamentale à la quinte de l’accord de tonique, et une série de fioritures (contrebasses) qui changent de direction mélodique en fonction de chaque vers. Il est intéressant de noter que le mélisme ou la fioriture de ces lignes de vers est toujours placé sur le dernier accent, qui coïncide également avec l’objet de la nostalgie (Grenade, Aragon, La Patrie).

Pour le premier vers, la mélodie se termine par une cadence parfaite sur la tonique après un bref accord de cinquième degré. La mélodie du deuxième vers se termine par une semi-cadence sur le cinquième degré, maintenant ainsi l’épanouissement sur la note ré comme fondamentale de l’accord de dominante. Enfin, dans le troisième vers, la mélodie continue dans une direction ascendante jusqu’à ce qu’elle atteigne la note sol, qui est temporairement suspendue par un callitone sur l’harmonie de mi bémol majeur, qui fonctionne harmoniquement comme le quatrième degré de si bémol, l’accord sur lequel la ligne mélodique se résout.

On pourrait peut-être attribuer l’ordre des tensions (mélodiques et harmoniques) dans les cadences au degré d’implication dans le sentiment de nostalgie des lieux énoncés. Bien que l’idée soit discutable, il convient de noter que tant le compositeur de la musique que celui des paroles étaient d’origine aragonaise, un argument pour placer l’Aragon dans une position privilégiée, seulement inférieure à celle de la Patrie.
Ce n’est qu’après le troisième vers qu’apparaît le nouveau matériau thématique, similaire aux vers 4 et 5. Ce matériau est nettement syllabique, contrairement au matériau précédent, qui est de nature mélismatique. Le vers 4 mène de la tonique à la dominante, tandis que le vers 5 se résout à la tonique dans une cadence parfaite.



Les deuxième et troisième strophes sont écrites en sol majeur. Le texte littéraire de cette strophe subit des changements significatifs dans la mise en scène, puisqu’à la fin des trois premiers vers de chaque strophe, il répète les six dernières syllabes. Cela peut être interprété non seulement comme un dispositif formel pour assurer la symétrie des phrases, mais aussi comme un dispositif figuratif lié à l' »écho » de la première ligne de la deuxième strophe.

Le parcours harmonique est également symétrique, étant maintenu dans les lignes décasyllabiques impaires en sol majeur, avec une petite cadence plagale au quatrième degré lors de la répétition des six dernières syllabes. En revanche, dans les décasyllabes pairs, l’harmonie conduit à la dominante. Cette régularité est rompue par le vers pentasyllabique (vv. 9 pour la deuxième strophe et 14 pour la troisième) construit en sept mesures sur une progression de dominantes secondaires.
Interprète : Luis Almodóvar (1888-1961)
1922
Édition : International Talking Machine Cº m.b.H.
1 disque (6 min) 78 tours
Autres auteurs :
Foglietti, Luis (1877-1918).
Notes : Orchestrée (différente de la version de Schipa). Coupures et modifications.

Interprète : Conchita Supervía (1895-1936)
1932
Édition : Barcelona Transoceanic Trading Cº
1 disque (8 min) 78 tours
Autres auteurs :
Puche, Pedro (1908-1959)
Zamacois, Joaquín (1894-1976)
Minssart, Paul (chef d’orchestre)
Notes : Orchestrée (différente des versions de Schipa et Almodóvar). Modifications.

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