Miguel Odriozola Pietas (Vitoria ; 10 décembre 1903 – Madrid ; 28 novembre 1974), était un scientifique et un éducateur espagnol, spécialisé dans la génétique animale et la zootechnie, professeur de cette matière à l’Escuela Técnica Superior de Ingenieros Agrónomos (Universidad Politécnica de Madrid),
Biographie
Fils de Victoriano de Odriozola Egaña et de Mercedes Pietas Martínez de Zuazo. Son père avait été directeur de la ferme modèle d’Arkaute et avait introduit la culture de la betterave sucrière en Alava, tout en assurant la présidence du conseil provincial d’Alava pendant quelques années.
Miguel Odriozola a commencé sa carrière professionnelle en Galice, région avec laquelle il a entretenu une relation permanente en raison de ses liens avec le secteur agricole du territoire. En 1929, immédiatement après avoir obtenu son diplôme d’ingénieur agronome à Madrid, il est entré comme boursier à la Mission biologique de Galice, à une époque d’expansion de cette institution suite au transfert de son siège de Saint-Jacques-de-Compostelle au Salcedo définitif (San Martiño) de Pontevedra. À partir de 1933, il est attaché en tant qu’ingénieur à la Ferme agricole de La Corogne, mais le directeur de l’Institut de recherche agricole récemment créé, dont elle dépendait, lui permet de poursuivre son travail à la Mission aux côtés de son professeur Cruz Gallástegui Unamuno. Après la guerre civile espagnole, il est élu procureur du Parlement espagnol pour le tiers syndical lors des élections du 16 mars 1943, poste qu’il occupe jusqu’en 1946, en tant que représentant des techniciens du Syndicat national de l’élevage.
Ses recherches s’inscrivent dans le cadre des projets de Gallástegui, auprès duquel il reçoit sa première formation de généticien, et en 1929, le directeur de la Mission l’envoie en Grande-Bretagne pour compléter sa formation et dans le but d’initier de nouvelles lignes de recherche et de mettre à jour certaines de celles qui ont déjà été développées à la Mission. Il est étudiant invité à la Cambridge School of Agriculture, à l’Institute of Animal Genetics d’Edimbourg et surtout au Rowett Research Institute d’Aberdeen. Au cours de la décennie suivante, il a reçu une bourse de la Junta para Ampliación de Estudios pour compléter sa formation en génétique animale en Allemagne.
Pendant son séjour en Grande-Bretagne, Gallástegui s’est vu confier l’organisation d’un troupeau expérimental de porcs « Large-White » à la Mission biologique de Galice. Ce projet, l’un des premiers du genre à être réalisé en Europe, visait à obtenir des spécimens sélectionnés pour renouveler la race porcine du pays, dans le cadre du rigoureux processus d’amélioration génétique conçu par Gallástegui et développé par Odriozola. À cette fin, il a été chargé de choisir et d’acquérir en Grande-Bretagne les spécimens de race pure qui allaient constituer le noyau initial du troupeau de la Mission, et il a été le dernier responsable de cette amélioration. Grâce à l’utilisation de reproducteurs Large-White, un croisement absorbant avec la race autochtone a été établi, suivi d’une sélection généalogique qui, après plusieurs décennies, a permis d’obtenir un troupeau de porcs galiciens considérablement amélioré. D’autre part, en tant que troupeau fermé, il s’agissait d’une expérience mondiale presque exceptionnelle qui a revalidé le rôle de la Mission au niveau international. En 1959, il était considéré comme le deuxième plus ancien au monde (seule la race Poland en Iowa-États-Unis était plus ancienne) et avait produit et contrôlé plus de 10 000 animaux.
Après la guerre civile espagnole, il a créé en 1944 le troupeau ibérique « El Dehesón del Encinar » à Oropesa (Tolède) avec des spécimens de soleras très différents afin de représenter la grande dispersion des types de porcs ibériques qui existaient à l’époque. Deux de ces soleras étaient des retintas portugaises (Ervideira de Évora et Caldeira de Elvas) et les deux autres des lampiñas noires d’Estrémadure (Campanario et Puebla). Depuis sa création, le troupeau a maintenu l’isolement reproductif et son application à la recherche sur le porc ibérique n’a pas été interrompue.
Ses travaux sur la race Large-White ont eu un écho international important et les premiers résultats obtenus dans l’exploitation de Pontevedra ont été publiés pour la première fois en Angleterre en 1938. Outre les porcs, ses recherches ont également porté sur les chevaux et, surtout, sur les bovins, dans le cadre des programmes de spécialisation laitière développés par la Mission biologique galicienne avant 1936 et de ceux du Plan agricole galicien à partir des années 1940. Son engagement envers la Mission et ses programmes d’élevage de porcs s’est poursuivi jusqu’à sa mort, malgré les changements de résidence.
À partir de la fin des années 1940, il exerce sa profession en dehors de la Galice. En 1947, il est nommé directeur du Centre de recherche agricole de l’Èbre supérieur, qui dépend de l’Institut national de recherche et de technologie agricoles et alimentaires. En 1961, après presque 30 ans, il se rend à nouveau à l’étranger pour visiter les centres de génétique animale de Londres et de Liverpool, ainsi que ceux de Cambridge et d’Édimbourg, qu’il avait déjà visités dans les années 1930. En 1966, il obtient la chaire de zootechnie à l’Escuela Técnica Superior de Ingenieros Agrónomos (Universidad Politécnica de Madrid), où il réussit à établir une école de génétique durable. Malgré la distance et le temps, il a maintenu la direction technique du troupeau expérimental de la Mission, même après sa retraite en 1973. Parmi ses disciples, Carlos Castrodeza, dont il a dirigé la thèse sur la spécialisation des animaux.
Il est élu membre d’honneur du 1er Congrès mondial de génétique appliquée à l’élevage, qui se tient à Madrid en 1974, où il donne également la conférence inaugurale. À la fin de sa carrière, il a été décoré de la Grand-Croix de l’Ordre du mérite agricole et de la Grand-Croix de l’Ordre d’Alphonse X le Sage. En 2004, le laboratoire et les bureaux de la Mission biologique de Galice, rénovés par Mauro Lomba, ont été baptisés en son honneur.